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et pour être impartial, disons qu'aux sombres épo-
ques du moyen-âge, les châteaux-forts et les nobles
eurent leur moment de grandeur et de gloire:
«Que la noblesse apparaisse comme le prix du cou-
rage, - disait le préfet Delangle dans son rapport
au Sénat du 28 février 1855 - des services rendus
à la Patrie, du devoir poussé jusqu'au sacrifice;
que l'espoir de la conquérir excite et soutienne
l'émulation, mais que les titres soient laissés en
pâture, à l'intrigue et à la sottise, l'intérêt public
et l'intêrèt privé s'en offensent également. C'est
un mal d'avilir ce qui petit servir de but et de
récompense à de généreux efforts. »
Et jadis encore le P. Félix,dans une de ses belles
conférences à Notre-Dame :« Si la noblesse n'était
qu'un souvenir, qu'un sillon lumineux laisse dans
histoire, elle a rendu assez des services pour
qu'on lui témoinge un peu de reconnaissance et
pour qu'on se souvienne que c'est avec son sang
et son argent que la France a repoussé ses limites
au point où elles sont aujourd'hui. »
La noblesse, en somme, tant décriée de nos jours,
ne fut pas autre chose que la conséquence de l'or-
ganisation de l'ancienne société, la classe dirigeante,
le clan militaire et guerrier qui, à une époque san-
guinaire et farouche, s'engageait à défendre le peu-
ple et prenait à charge tous les frais de guerre ou
d'expédition. Tant que durèrent les temps héroïques,
elle sut toujours être à la hauteur des événements et
ne faillit jamais à son devoir.
Comme nous venons de le dire : avec les vieux
   
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châteaux, elle n'est plus aujourd'hui qu'une légende
qui va toujours en s'effaçant de la mémoire des
hommes. Les siècles ont passé et supprimé bien des
abus. Ainsi passent les monarchies et leurs institu-
tions, les seigneuries et les devises orgueilleuses des
anciennes armoiries.
Les titres de ducs et de comtes, de marquis et de
barons se portent encore de nos jours, alors que la
société a changé. On les considère comme des cho-
ses d'un autre âge et qui ne sont plus rien en compa-
raison de ce qu'ils furent jadis.
« Ainsi tout change avec le temps, tout se renou-
velle, même en gardant des titres semblables. »(1)
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Biens appartenant à des étrangers,
sujets de la Reine de Hongrie,
situés dans la paroisse et seigneurie de Pitgam
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En signalant ces fiefs, nous devons rappeler
qu'avant la domination française, la Flandre mari-
time était espagnole.
Plus tard, les provinces des Pays-Bas furent divi-
sées par les traités des Pyrénées, d'Aix-la-Chapelle,
de Nimègue, de Ryswick et d'Utrecht. Une partie
fut dévolue à l'Autriche-Hongrie et parmi les sujets
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(1) Discours de M. Villemain à l'Académie française en 1854.
   
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