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Source ADN J466 301-305 (photo 7722)
Je viens, Monsieur de recevoir une lettre du Ministre par la quelle il me fait l'honneur de me mander qu'il est instant de pourvoir d'une manière efficace aux moyens de réprimer les bandes armées de contrebandiers qui pénétrent journellement dans le Royaume, et qui y commettent les plus grands excès. On s"est plaint souvent qu'il n'y avoit aucune force à leur opposer; et il est reconnu en effet que les marechaussées sont insuffisantes; les différents services auxquels elles sont destinées; ne permettent pas de suivre les dites bandes armées, et de donner à cet objet toute la surveillance dont il auroit besoin: on a éprouvé d'ailleurs que les brigades des fermes établies chacune dans leur poste ne peuvent être déplacées au besoin et rassemblées dans un seul corps sans beaucoup d'inconvénients; et comme les circonstances ne permettent pas d'y employer des troupes ainsi que le Roy l'a quelquefois ordonné dans de semblables occasions, on n'a pu supplïer à tous ces moyens insuffisans, quen autorisant les fermiers generaux à mettre sur pied des troupes de cavaliers habillés, armés et montés uniformémement et composées de sujets d'Elite. L'intention de sa majesté et que les troupes en quelque lieu de son royaume qu'elles se portent, Etant à la poursuite d'une bande, trouvent tous les secours et la protection dont elles pourront avoir besoin, et le Ministre, en m'ordonnant de vous en faire part, me charge de vous recommander d'en ecrire circulairement aux echevins et gens de loy des paroisses de votre departement. Vous aurez soin de les prévenir dans votre lettre que l'intention du Roy est qu'ils fassent fournir à ces troupes dans les lieux où elles s'arrêteront, les logements pour les cavaliers et les Ecuries nécessaires pour leurs chevaux ainsy qu'l se pratique pour le logement des troupes de cavalerie, en observant autant que faire se pourra de ne pas trop separer la troupe afin se leur donner plus de facilités de se rassembler et de prendre les armes. Il faudra pareillement leur faire fournir les vivres et fourages dont elles quront besoin en païant toutefois de gré à gré ou suivant la taxe qui en sera faite par vous ou par les maires et eschevins. Je vous observe au surplus que pour prevenir tous les abus qui pourroient naitre de cette facilité, on exige du commandant de chacune des ces troupes qu'il retirera quittance de ce qu'il aura payé, et il luy sera enjoint de se faire fournir un certificat de la conduite que la troupe aura tenue. Dans le cas ou un desits cavaliers vienderoit à être blessé où à tomber malade, l'intention de sa majesté et qu'il soit recu dans l'hopital le plus proche et qu'il y soit soigné et médicamenté; je vous charge a cet effet de regler en pareil cas ce qu'il est juste d'accorder pour ses pensemens, medicamens et nourriture et sur l'avis et l'Etat que vous m'en enverrés, j'aurais soin d'en ordonner le payment sans aucun retard Vous n'ignorez pas sans doute les reglements qui enjoignent aux habitans des villes, bourgs et village de fermer leurs portes aux contrebandiers de sonner le tocsin et de leur courrir sus comme à des ennemis public, à peine par la communauté qui y manqueroient d'Etre condamné solidairement à 500# d'amende, et meme en des peines plus graves suivant l'exigeance des cas. Je ne dois pas vous dissimuler que l'intention du Roy est que ces reglements soient exécutés à la rigueur, et il est essentiel que vous en préveniés les officiers des communautés de votre département, afin que de leur coté il en instruisent leurs habitans, et qu'ils les disposent non seulement à refuser tout secours aux contrebandiers, mais même à éviter toute communication avec eux, et à procurer aux troupes que les fermiers généraux mettent sur pied pour les poursuivre toutes les facilités qui dependrons d'eux. Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur. Signé Caumartin ![]() ![]() |