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ornent les contours des vieux beffrois flamands; par-
fois rudes et massifs, froids et sévères, mais donnant
l'impression d'une rare énergie et d'une grandeur
farouche qu'on chercherait vainement ailleurs.
Tout ce qui nous vient du vieux temps nous paraît
plein de force et de vie, quoique un peu lourd et
confus, comme ces anciens châteaux-forts, avec leurs
tours épaisses, leurs ponts-levis et leurs créneaux,
leurs chemins de ronde et leurs noires meurtrières,
braquées sur la campagne pour fouiller l'horizon. Et
au milieu de ces guerriers vêtus de fer, on voit des
jeunes pages au frais minois, sonnant du cor ou por-
tant le missel des belles Châtelaines. L'or et la soie,
l'argent et le velours brillent d'un pur éclat sur les
habits brodés et les armures des gentilshommes, l'her-
mine et le satin parent de jeunes beautés. Les tour-
nois et les processions, les fêtes laïques et les péle-
rinages où le sacré se mêle au profane, où les choses
les plus saintes et les plus vénérées s'allient aux
mascarades et aux bouffonneries, voilà ce qui donne
à l'histoire du passé cet aspect légendaire, cette cou-
leur peu banale, dont il serait difficile de nous faire
aujourd'hui une juste idée, tant les mœurs ont
changé.
Le château de Pitgam était un vieil édifice remon-
tant aux invasions normandes. Il avait été construit
sur une hauteur dominant la contrée et se trouvait
situé entre les deux moulins actuels (anciens moulins
seigneuriaux). C'était là le « Burg-Straete », aujour-
d'hui appelé vulgairement « Bergh-Straete(1)».
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(1)Berg-Streate signifie plutôt «rue da la Montagne», de la Colline ou du Mont».
   
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Des vestiges existent encore. Ce sont les restes de
fondations en pierres ferrugineuses de Cassel, ainsi
qu'une motte envahie aujourd'hui par des ronces et
des herbes Sauvages.
Ce château a dû être démoli vers 1383, alors que les
Anglais, sous les ordres de l'évêque, Spencer de
Norwicht, envahirent la contrée. Il ne se releva plus
de ses ruines.
Nous avons trouvé chez M. l'abbé Cyssau, curé,
un plan de l'ancien territoire de pitgam que nous
avons annexé cet ouvrage et où ce château figure
à l'endroit que nous venons de désigner. Du reste
la Castel-Straete (chemin du Château) y conduit. C'est
avec plaisir que nous avons vu cette pièce confirmant
notre manière de voir. Elle prouve que nous ne
nous étions pas trompé sur son emplacement.
Sanderus, dans ses mille pages de la «Flandria
illustrata », mentionne les châteaux de Steenbourg,
de Drincham et passe sous silence celui de Pitgam
qu'il aurait dû voir puisqu'il dit:
«Pitgam, Vasallus. Célebris ad | Célèbre Toparchie située sur la
Colman fluviolum sita Toparchia, | petite rivière de la Colme. Elle était
nuper Domini de Werp, qui | récemment administrée par le sei-
proetectus ad trajectum mofx fuit. | gneur deWerp qui fut préfet du roi à
Habuit arcem nunc vetustaté ac | Maestricht. Elle possédait un fort
bellis dirutam. Intra limites porro | maintenant ruiné par le temps et
hujus paro chialis alter est domi | la guerre. Sur le territoire de cette
natus de Helfeld, nuper in fami- | paroisse se trouve encore le domai-
lia de Boddens.           | ne de Helfeldt qui appartenait der-
Varias hinc olini proventus sa | nièrement à la famille Boddens
cros possedit Ecclisiae Morinen- | Autrefois l'église de la Morinie
sis et possedent modo illius hoe- | possédait a Pitgam des revenus sa-
redes et inter alia Ecclesia per- | crés de plusieurs sortes entre autres
sonatum »             | le Personnat de l'église.Ils appartien-
              | nent aujourd'hui aux héritiers de
              | cette église disparue.
   
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