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Grâce à l'intéressant ouvrage de M. le Doyen
Vandepitte, nous avons trouvé l'explication de ce
mot « Personat », si peu usité de nos jours.

Comme il a été dit plus haut, au point de vue des
dîmes et revenus ecclésiastiques, l'église était parta-
gée en deux parties : l'autel et le bonde ou bodium.

«Après le Bodium, l'autel fut lui-même attribué à
quelque dignitaire de l'église qui en était le titu-
laire (Persona) et en percevait les revenus,à charge
d'établir un prêtre à ses frais pour le service reli-
gieux. De là, jusqu'à la transmission héréditaire
dans une famille, il n'y avait qu'un pas facile à
franchir et trop souvent franchi. Il y eut aussi des
usurpations directes. »(1)

Cet état de choses n'aurait peut-être pas eu lieu, si
les seigneurs avaient, toujours habité Pitgam, car ils
auraient certainement tenu la main à ne pas laisser
aller à d'autres une rente qui, en principe, leur était
due.

Pitgam, à partir de la destruction de l'ancien châ-
teau-fort; ne connut jamais, pour ainsi dire, ses
seigneurs, la plupart d'entr'eux vécurent toujours
éloignés de leurs domaines, Comme plusieurs docu-
ments nous le prouvent.

C'est d'abord la lettre du curé Barbier(2) à Mme de
Werp, épouse du seigneur de Pitgam, alors à Hétru;
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(1) Notre vieille Flandre, par M. l'abbé Ch. Vandepitte. Tome 1, p. 32.
(2) Voir chapitre où figure la liste des Pasteurs de Pitgam.

                                                                                               

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cette missive fait supposer quc la personne à laquelle
elle était adressée n'habitait point Pitgam, car s'il en
eût été autrement, le curé de cette paroisse, pour
une chose aussi importante, aurait pu attendre le
retour de la dame dans sa seignenrie. A cette époque
éloignée les correspondances étaient rares ; on écri-
vait moins facilement qu'aujourd'hui et tout fait
croire que si le curé exposa à la dame en question,
l'état de délabrement et de misère de sa paroisse,
c'est que cette dernière ignorait en partie les événe-
ments malheureux qui désolaient le pays.

D'ailleurs, en 1789, au moment de la rédac-
tion des cahiers de doléances - dont nous par-
lerons plus loin - le procès-verbal ne fait nulle-
ment mention de la résidence du seigneur, laissant
mandat à ses vassaux de le représenter.

D'autres documents que nous citerons dans les
chapitres suivants confirment encore l'absence conti-
nuelle des seigneurs de Pitgam qui occupaient la
plupart du temps des fonctions dans l'armée ou
la diplomatie.
***
Afin de donner la généalogie et l'origine de la
terre de Pitgam, nous avons compulsé les vieux
parchemins éparpillés ça et là dans les archives de
la commune, ainsi que dans celles des autres locali-
tés de la région.

L'origine de cette seigneurie est fort ancienne. On
en trouve la trace sous le règne de Philippe le Bel.

                                                                                               




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