J296 La terre est noire mère, ne l'oublions pas. C'est elle
qui nous comble de bienfaits pendant notre vie;
c'est d'elle que nous tirons notre nourriture et tout
ce dont nous avons besoin. ET plus tard, lorsque la
mort nous touchera de son aile noire, elle ouvrira ses
flancs pour nous reprendre et jeter sur nous un tapis
de verdure. Le printemps suivant y fera pousser de
jolies fleurettes jaunes qui brilleront dans l'herbe,
comme de gentils petits soleils.

ET nous serons alors pour les générations qui sui-
vront, ce que, sont aujourd'hui pour nous les aïeux,
c'est-à-dire le passé, une chose évanouie qui ne peut
plus revenir, car il n'est pas donné à l'homme de le
ressusciter ; le passé est bien mort. et l'homme malgré
tout, s'il sait l'adire avec le poète :

Pejor anis oetas⁽¹⁾ ___________________________________________

(1) L'âge présent ne vaut pas celui des aïeux (Horace - début d'une ode)