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Dans l'autel furent compris la maison curiale,les obla-
tions et un tiers de la dîme. Nous voyons dans
plusieurs bulles le Boduin se traduire par ces mots:
Duas partes decime.

La dîme ou dixme était, un impôt équivalant à la
dixième partie des fruits de la terre ; elle variait
suivant l'usage des lieux.

Déjà du temps des Juifs, les dixmes étaient de droit
divin. Dieu, par la voix de Moïse, ordonna à son
peuple de lui offrir la dixme. Et ce furent les enfants
de Lévi (les lévites ou prêtres) qui en profitèrent.

Les dixmes furent jadis le patrimoine des églises
"parrochiales".

L'usage, de donner ou de payer la dixme est fort
ancien ; ainsi, Abraham abandonne à Melchisedech
la dixme de toutes les prises qu'il avait faites sur les
quatre Rois vaincus par lui (Génèse XXVIII).

Au début, ces dixmes furent libres et variaient
suivant la générosité des donateurs.

Plus tard, Moïse la rendit obligatoire pour tous
juifs. Le Talmud en donne de très longs détails.

Dans le Nouveau Testament, il n'est pas question
de dîmes. Les prêtres chrétiens, au temps de la pri-
mitive église,n'eurent pour vivre que les aumônes et
la charité des fidèles. Par la suite des temps,on donna
une certaine portion des revenus au clergé. Vers les
Ve et VIe siècles, les évêques, dans certains conciles,
avec l'approbaion des Rois et des Princes, en firent
une obligation et forcèrent les fidèles d'abandonner
aux ecclésiastiques la dîme des revenus et des fruits

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de la terre. Le clergé en eut la pleine et entière
possession pendant une période de trois Cents, ans.
Vers le VIIIe siècle, des nobles firent main basse
sur une bonne partie de ces dîmes. Un accord intervint
bientôt et les dîmes furent rendues ou données à
des monastères ou autres établissements du même
genre.

Dans certaines paroisses, les pauvres même
n'échappaient pas à la dîme ecclésiastique : « Ils sont
tenus de payer la dixme des aumônes qu'on leur
fait, s'ils ne sont pas dans une extrême misère. »


On disait jadis qu'il ne fallait à un curé que son
clocher pour réclamer son droit de dîmes. A cela
nous dirons qu'il n'en était pas toujours ainsi, car à
certains moments on voit des laïcs de toutes catégo-
ries s'immiscer dans les affaires temporelles de
l'Eglise et cela, dans le but évident de se constituer
quelque petite rente. Chacun veut avoir sa quote-
part, depuis le seigneur qui fait trembler tout le
monde, jusqu'au dernier des coutres qui met les
cloches en branle. Les revenus, à force d'ètre écor-
niflés par un tas de gueusards, de rats d'églises et
autres, finissent par fondre tellement, entre leurs
doigts crochus qu'ils ne suffisent bientôt, plus à
l'entretien du culte et du vieux bâtiment.....

Véronique, la vieille servante, na pas touché ses
gages depuis trois ans et c'est elle qui, malgré son
grand âge, reprise les vieilles soutanes, entretient le
linge de sacristie et surveille les galopins d'enfants
de choeur en l'absence de Monsieur le Curé.





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