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C'est ainsi qu'en 1863, 4 élèves ont quitté l'école ne sachant ni lire, ni écrire; un élève sachant lire, sept sachant lire,
écrire, compter; deux possédant des notions d'histoire et de géographie; douze enfants d'âge scolaire n'ont pas fréquenté
l'école.
Nous avons aussi trouvé un cahier ne comportant que des dictées. Tous les textes avaient un caractère moral,
"Le courage", "Acte de Probité", "Le dévouement", "Le mensonge".
Plus tard, à Pitgam, les écoles primaires paraissent avoir été suivies régulièrement. L'école des garçons, en
1906 comptait 110 élèves, celle des filles 160; la classe enfantine et cours préparatoire comprenait garçons et
filles.
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Les écoles avant la guerre 39-45
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles manquaient d'attrait et que les classes n'étaient pas fonctionnelles.
Chaque salle était conçue pour recevoir un grand nombre d'élèves, répartis en plusieurs cours. Tout en largeur elle manquait
de profondeur. Les enfants avaient du mal à lire de biais les traces de craie sur les tableaux noirs, lisses, brillants,
faisant partie intégrante de la cloison chez les garçons, fixés au mur à l'école des filles.
Partout le décor était le même: murs et plafonds blanchis à la chaux, bas de murs goudronnés, boiseries peintes de couleur
grise.
A l'école des garçons ainsi qu'à celle des filles, un seul poêle à charbon, encastré dans la cloison ou dans le mur mitoyen
assurait le chauffage de deux classes. La chaleur était insuffisante l'hiver. Les enfants conservaient leurs vêtements
chauds et il n'était pas rare que les encriers soient gelés jusqu'à 10 heures du matin.
Le dallage était constitué de carreaux gris, poreux, friables qui s'usaient plus vite en leur milieu que sur le bord, les
clous semi-sphériques dont les chaussures étaient garnies n'étaient pas faits pour les ménager. Monsieur Camille Caron,
   
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inspecteur départemental de l'Education Nationale disait
à ce sujet, en 1935: " Le pavé, usé et inégal, rend impossible la stabilisation et l'équilibre des tables basses".
La chaire du maître formant pupitre, était placée sur un plancher de 40cm de hauteur et les enfants devaient gravir trois ou
quatre marches d'une estrade en comptant cinq pour écrire au tableau.
Les tables bancs de six places, huit en classe enfantine et cours préparatoire, au nombre de huit par classe, lourdes,
archaïques, sans dossiers, souvent trop basses, étaient malcommodes et inadaptées pour des élèves dont le dos se voûtait et
la colonne vertébrale se déviait.
Il fallait souvent leur demander de se tenir droits. Ces tables-bancs étaient munies d'une barre pour poser les pieds, barre
que les petites chaussures frottaient sans y prendre garde ce qui provoquait un bruit agaçant. (M. Caron, déjà cité,
qualifiait de "préhistoriques" ces tables-bancs en 1936.)
Mais ce sont surtout les cours en terre battue qui, à l'époque, n'étaient pas acceptables. En temps normal, l'eau avait le
temps de s'infiltrer dans le sous-sol, sans désagréments, mais lorsque la pluie perdurait, la couche superficielle, à force
d'être piétinée, se transformait en véritable bourbier et les vêtements des enfants qui, emportés dans l'élan du jeu avaient
le malheur d'y tomber, étaient affreusement barbouillés de terre grasse. Nous leur venions en aide. Nous grattions la boue
de leur blouse ou de leur tablier sur le sujet même avec un couteau, nous rincions convenablement le vêtement souillé dans
un seau d'eau froide jusqu'à ce qu'il ne reste plus de trace de tâche et le mettions à sécher sur la grille de protection
entourant le poêle. Par protection les petits ne s'aventuraient pas sur ce terrain glissant; ils restaient sagement sous le
préau de crainte d'être renversés par des grands de treize ou quatorze ans.
L'été ce n'était pas mieux; la terre, désséchée, soulevait la poussière qui marquait les visages ruisselants de sueur et
irritait la muqueuse
   
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