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ceux qui célébreront le saint sacrifice. Les parents
n'ont droit qu'aux biens sortis de la famille ; le
reste retourne à l'Eglise et aux pauvres de la pa-
roisse ».

Un statut de 1450 regarde comme une énormité
l'oubli de quelques curés envers leur église :
Le mobilier est distribué ;les confrères, les amis,
les sociétés pieuses de la paroisse, les fossoyeurs,
les porteurs, les maîtres d'école et même les enfants
baptisés par le défunt ont chacun leur petite part.
Les dettes sont soldées, l'anniversaire fondé, une
somme consacrée à faire acquitter les messes, fon-
dations ou offices qui auraient pu être omis pour
une raison quelconque. Le testament d'Hubert de
Montigny, curé d'Etrépigny, est un vrai modèle du
genre (septembre 1327). Quand un curé mourait
sans avoir fait de testament, son mobilier appar-
tenait de droit à l'archevêque.

Quelquefois la pauvreté permet à peine de faire
un testament, la justice le commande. La vieille
servante n'est point payée, son modeste gage de
trois francs par an s'est accumulé par suite de la
misère des temps.Elle reçoit quelques effets et une
ou deux pièces de bétail pour son paiement. Ainsi
fit messire Jean de Vesonel,curé de Vaure en 1316.

Les funérailles du curé de campagne étaient
solennelles. Les pauvres qui étaient toujours sûrs
de trouver une aumône réservée pour eux, accour-
aient de plusieurs lieues à la ronde. Les paroissiens
se faisaient un devoir de veiller leur pasteur défunt
et les confrères venaient, tour à tour, réciter les

                                                                                            

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prières des morts. Nos rituels les plus anciens nous
apprennent que de temps immémorial, les ecclésias-
tiques étaient conduits a leur dernière demeure, le
visage découvert. Cet usage avait surtout sa raison
d'être pour les curés, qui, revêtus de leurs orne-
ments sacerdotaux, étaient exposés dans leur vieux
fauteuil de chêne,d'où ils semblaient encore exhor
ter leurs paroissiens. Après une longue procession
à travers les rues et les hameaux de la paroisse, le
corps était apporte dans l'église, d'où il ne devait
plus sortir.

Les tombes des curés du XVIe et du XVIIe siècles sont
communes. Celles du XIVe et du XVe siècles sont
plus rares. On en voit une assez bien conservée à Saint-Vit:

Ci-gist Jehan Milleret,curé de M. C. C. C. C.XXXV.
Jehan Milleret, quoique séculier, porte la ton-
sure monacale.


En dehors des prières qu'il avait fondées, un
curé pouvait encore compter sur celles de ses
paroissiens. Pendant une année l'église portait le
deuil et les paroissiens se faisaient un devoir d'offrir
tour à tour le pain et le vin à la messe du dimanche
pour le repos de l'âme du défunt. L'anniversaire
de sa mort était annoncé au prône et l'on pourrait
citer des paroisses où l'anniversaire d'un curé se
célébrait encore 3 siècles après le trépas du titu-
laire. Quelques curés, n'ayant pas les ressources
suffisantes pour fonder un anniversaire, donnaient
leurs livres, bréviaires, traités ascétiques à l'église
et aux conférences ou confréries, à charge d'une

                                                                                             

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