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petite prière ou d'un De Profündis par semaine,tant
que ces livres dureraient ; Richard Timouche, curé
de Montigny-les-Nonnes, par son testament (1480)
donnait ses bréviaires à son église.... afin qu'on
fût plus enclin à prier pour lui »
Nous ne pousserons pas plus loin notre étude sur
la vie du curé de campagne. Avec ce qui précède,
nous pouvons nous faire une idée sur sa situation
pendant cette sombre époque du moyen-âge. Cette
situation va en s'améliorant à partir des XVIe, et XVIIe
siècles jusqu'à l'époque de la Révolution où le prêtre
se voit forcé de prendre le chemin de l'exil.
D'après ce qui est dit plus haut, nous avons pu voir
l'importance que tenait anciennement l'église dans
nos communes.
Autour de ses vieux monuments, il semble qu'on
respire un air vivifiant ; on sent ou l'on devine la
poésie des traditions et le respect des vieilles cou-
tumes. L'église, avec son vieux clocher, donne une
physionomie toute particulière au village : elle rap-
pelle les souvenirs d'enfance, les premières émotions
du jeune âge, la vie passée des ancêtres et des êtres
aimés. Cette humble église que nous voyons, au
milieu du petit cimetière, n'a-t-elle pas été témoin de
tous les événements de la vie d'autrefois? Les cloches
out sonné pour les joies d'un baptême ou pour de
chastes épousailles par un matin de mai. Ne sonnent-
elles pas encore, quand apparaît l'aurore ou que le
jour s'enfuit à la tombée du soir?
   
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Dans le passé de ces vieilles églises, comme dans
la vie du curé d'autrefois,il y a un fond de rêverie qui
adoucit et console, un reste de légende qui purifie le
coeur et rappelle à celui qui parcourt nos campagnes,
la charité et les vertus des temps anciens qu'on cher-
cherait vainement dans les fières cathédrales ou les
temples altiers de nos grandes cités.
Jadis tout gravitait autour de l'église. Dans la plu-
part de nos villages, les habitudes ont peu changé,
pour une seule raison : c'est, parce que le Flamand
tient à ses vieilles coutumes, comme il tient à sa reli-
gion qu'il confond avec tout ce qui lui est cher. Au
temps passé, aucune fête de famille, aucun événement
ne se célébrait sans le concours du prêtre, sans l'in-
tervention de l'Eglise, qui assistait aux réjouissances
les plus intimes.
Le curé, alors, quand il avait su se rendre popu-
laire, était vénéré comme un apôtre des premiers
âges. aux yeux de ses paroissiens, il représentait le
pasteur familier, le grand distributeur des récom-
penses et des joies futures. Le paysan flamand, tout
rude qu'il apparaît, a parfois des élans de foi tou-
chante, et c'est avec plaisir qu'autrefois il apportait
à son curé la part de l'église qu'il appelait la dîme
sacrée.
Le curé était donc l'homme de confiance et jouait
un rôle immense dans l'ancienne société.
Pendant les années qui précédèrent, la Révolulion,
il tenait les registres de l'état-Civil, remplaçait le
notaire pour recevoir les dernières volontés testa-
   
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