J14 Mabillon et Ducange ne sont pas d'accord pour
dire si les armoiries sont antérieures ou postérieures
aux premières croisades. Dans tous les cas, elles
semblent avoir servi d'emblèmes pour les sceaux ou
scels des communes ou Seigneuries.

"Je ne doute point, dit le Père Menetrier(1) qu'on
ait donné en latin le nom d'insigna et en italien
insegne, aux armoiries, parce qu'elles faisaient
connoistre et qu'elles signaloient ceux qui les porté-
rent."» Le mon français enseigne viendrait de là.

Le sceau ou cachet reproduisant les armoiries était
donc une empreinte, un signe, une marque, un emb-
lème, un attribut de la comnmune ou seigneurie.

D'après M. Hermant(2), Saint-Omer avait un scel
en l'an 1050 et cette ville n'eut un blason que vers
la fin du XIV ^e siècle (3).

D'après ceux qui ont écrit sur la matière et notam-
ment M. J. J. Carlier, le sceau communal, même avec
armoiries, n'avait aucun caractère hiéraldique.

Le sceau ou scel fut ainsi appelé signe (sigillum),
seing, enseigne, signet, signatas, signatura, signal,
élever, montrer le signe. In hoc signo vinces (par ce
signe tu vaincras). De nos jours ne dit-on pas encore
se signer pour dire: faire le signe de la croix?

Comme la religion au temps passé, était représentée
dans tous les actes importants de la vie, ceux qui ne
savaient pas écrire leur nom, ou autrement dit signer,

(1)De l'origine des ornements des armoiries (Paris, 1860,p.414)
(2)Antiquaires de la Morinie. Tome III, p.326.
(3)De Rheims (histoire de Saint-Omer).

J15 faisaient une croix qui tenait lien de signature. Cette
vieille coutume, toute religieuse à son origine, existe
encore de nos jours avec cette différence que la
croix se fait devant témoins.

Seul, le seigneur, au début, possédait le droit de
signer les actes, c'est à dire d'y apposer le signe,
étant le seul dépositaire du scel, sceau ou signe, qui, à
l'époque où la plupart des gentilshommes ne savaient
ni lire ni écrire, remplaçait la signature ou le nom
écrit à la main.

Charles Nodier,dans son vocabulaire, semble croire
que « Seigneur vient de senior »; or, senior veut dire
vieillard et les seigneurs n'étaient, pas nécessairement
des vieillards ; nous croyons notre explication plus
étymologique, plus rationnelle seingneur, seigneur,
signeur appartient à un ordre complet d'idées qui
caractérise le moyen-âge.
*** Tout ce que nous venons de dire n'est plus aujour-
d'hui qu'un souvenir et fait partie du domaine de
l'histoire et de l'archéologie. Quoi qu'on dise, ces
anciennes marques d'honneur et de gloire étaient le
livre d'or des familles notables du pays, des commun-
es les plus anciennes de la région dont elles retra-
çaient la valeur, le courage et toute la fierté d'un
passé glorieux.

De nos jours, que reste-t-il en Flandre du fameux
Lion conquis par Philippe d'Alsace dans ses nom-
breux combats en Palestine? Où sont les fiers Ecus
des chevaliers flamands qui laissèrent leurs corps