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Au point de vue philosophique, elle est un certain
idéalisme, une douce rêverie, une hypothèse sur la
destinée de l'homme, sur le mystère de la vie ou de
la mort, sur tout ce qui converge vers la Divinité.
Superstitions, chimères, disent certains en parlant
des religions en général! D'autres affectent l'indiffé-
rence devant le terrible problème de l'Au-delà;
mais cette indifférence est-elle au fond du coeur? Au
dernier moment n'auront-il, pas un désir, une
ultime espérance, hommage rendu à une dévotion
ancestrale qui, malgré tout, leur savoir et leur science,
croît, et persiste en nous.
A bien considérer les choses, les divergences d'idées
en matière religieuse, sont à peine sensibles, lors-
qu'on envisage le but. Fouillez un peu le cœur humain,
feuilletez aussi les annales de l'histoire, et vous
verrez que, malgré tout ce qui s'est passé jadis, malgré
les guerres de religion les supplices de l'Inquisition,
les conciles, les colloques, les arides disputes entre
théologiens catholiques et protestants les grandes
joutes oratoires entre les Jansénistes et les Molinistes,
ect..., le fond n'a jamais changé. C'est toujours la
même pensée vers l`idéal, disons plutôt vers l'infini,
puisque c'est l'expression scientifique admise par
chacun de nous et qui, dans notre pauvre langage
limité, fait encore mieux comprendre nos visions, nos
vagues aspirations vers un monde meilleur.
C'est pourquoi nous ne croyons pas qu'il existe
d'athées dans le sens propre du mot. Cela prouverait
à la rigueur, que nous tenons tous par un fil à une
croyance quelconque; nous ignorons le but vers lequel
nous nous dirigeons, comme nous
ignorons le pour-
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quoi de la plupart des choses. Nous venons en ce
monde avec une espérance au cœur, avec l'espoir
qu'elle se réalisera un jour. On vieillit et on meurt;
et avant nous, d'autres êtres que nous avons aimés
ont vécu dans la joie ou dans la souffrance et sont
partis vers cet inconnu qui nous effraie tant.
Ils ne sont plus, et malgré cela, nous ne pouvons
nous détacher d'eux. Leur souvenir vient souvent
hanter notre esprit et poétiser nos rêves. De ce
souvenir, sans doute, nous est venu le culte des morts.
Lorsque, par une chaude journée d'été, l'homme
désillusionné aperçoit l'humble église au détour du
chemin, pourquoi se hâte-t-il ? Pourquoi malgré la
fatigue et les soucis qui l'accablent, presse-t-il le pas
pour arriver plus vite ?... C'est parce qu'il est certain
de trouver là, à l'ombre des vieilles pierres, un asile
de fraîcheur et de paix. Il sait que sous cet humble
toit, il trouvera des consolations pour ses douleurs,
des pardons pour ses fautes, des espérances pour
son cœur. Et si, par hasard, la cloche vient à sonner,
oh ! alors la foi reviendra pour remplacer le doute.
Il songera à sa famille, à la chaumière des grands-
parents et son âme envahie par une nostalgie douce,
le conduira les yeux en larmes vers son village natal
perdu là-bas au fond des immensités bleues.
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Au point de vue la religieux, la domination espa-
gnole a jeté de profondes racines dans notre région.
Les embellissements la construction de beaucoup
d'églises remontent à cette époque.
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