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II
Wie wilter in viole gaen vioot           |  Qui veut danser à là viole
Wic wilter in viole gaen zeer gent  |  d'une façon gentille! Jeune fille
Jeffrouw, bewaert uwkroone            |  conserve la couronne, c'est par toi
Zy moet van u gedraen zyn               |  qu'elle doit être portée.

Et sur la place entourée de petites maisons basses,
les paysans venus de differents côtés de la paroisse
s'en allaient graves et silencieux, tenant entre leurs
doigts raidis par les travaux de la terre un morceau
de cet ancien papier grisâtre.

La plupart d'entre eux se méfiaient des gens de loi
et, avant de regagner leur ferme ou leur manoir, ne
se décidaient à causer qu'après avoir jeté au loin un
furtif regard afin d'être certain qu'on ne les entendait
pas. Le passé était là pour leur dire d'être prudent en
paroles sur tout ce qui concernait les choses du sei-
gneur ou du Roy. Contrairement à ce qui se passait
dans les villes où l'on manisfestait tout haut, l'homme
des champs, plus froid, plus maître de lui-même,
restait presque impénétrable, comme il l'est encore
souvent les jours d'élections dans les mairies de nos
villages.

Jadis, comme aujourd'hui, il était habitué dès
l'enfance à la longue transformation des choses avec
les saisons, aux efforts qu'il fallait opposer aux
résistances passives de la nature, aux lenteurs vou-
lues et nécessaires qui changent la terre depuis les
semailles jusqu'aux moissons.

Tel était le paysan sous l'ancien régime tel il est
resté ;voilà pourquoi il dure depuis plus de cent ans
et voilà aussi pourquoi il durera tant que l'hommme
                                                                                          

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aura besoin de la terre pour le nourrir et tant qu'il
faudra des hommes pour la cultiver.

***

Certains lecteurs trouveront étrange que le seigneur
de Pitgam, comme toujours, était absent.

Au moment, de la rédaction des Doléances, le
Comte d'Esterno, officier du Roi, en garnison à Dôle,
chargea son bailly de réunir les réclamations des
habitants de la seigneurie pour la rédaction du cahier.

Sous l'ancien régime beaucoup de seigneurs de
villages n'avaient, pas de domicile dans leurs seigneu-
ries. La plupart, remplissaient, des charges à la cour,
des fonctions qui les forçaient d'habiter l'endroit où
ils en exerçaient l'emploi.

Pleins pouvoirs, comme nous l'avons dit d'ail-
leurs (1), étaient donnés aux baillis. Nous avons trouvé
dans les archives des de Pitgam, un document concernant
les relations du seigneur avec son collège échevinal.
C'est une lettre écrite au bailly(2)
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(1) Chronique de Steene,
(2) Dôle en Franche-Comté, le 20 Janvier 1777.

Je ne me souviens pas, Monsieur, si vous m'avez écrit l'année dernière ny si
je vous suis obligé des bons souhaits que vous aviez fait pour moi à ce com-
mencement d'année que je vous souhaite aussi très heureuse, ainsy qu'à
Mme la baillive.

M le Garde des Sceaux venoit de recevoir un mémoire du officiers de la
ville de Pernes en Artois au moment que celui de la loy de Pitgam luy a remis,
pour le même sujet comme c'est une loy générale pour tout le royaume que

                                                                                          

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