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A nos pieds, nous voyons maintenant la vieille
bâtisse en torchis et en chaume où habite le modeste
ouvrier agricole, qui possède son petit jardinet et son
lopin de terre. La femme et les enfants, pour subvenir
à l'entretien de la famille, font chaque année les durs
travaux de la moisson chez les fermiers du voisinage.
Là, plus loin, c'est l'Hofstède, la ferme à 3 corps
de bâtiments : la maison d'habitation, les écuries et
les granges. Des fleurs égayent les fenêtres souvent
quadrillées de petits carreaux et flanquées de volets gris
ou jaunes. Sur le devant de l'entrée, ce sont des
hortensias, des dahlias, des giroflées ou des pensées
qui viennent jeter leur note brillante et claire le long
des allées minuscules d'un coquet jardinet.
« L'agriculture est digne de tous les honneurs », a
dit un savant et nous pouvons dits avec raison à
notre tour « que la sueur du cultivateur, c'est la sève
de la terre. »
Ces champs de blé, de lin, d'avoine, de pois et de
betteraves,ect., constituent la bonne culture du Nord.
Et ces boeufs de Mayenne aux couleurs éclatantes qui
ruminent dans la paix des herbages, ces belles vaches
flamandes aux tons sombres et roux qui meuglent
sourdement au fond des pâturages, sont une source de
nombreux bénéfices pour le fermier.
Vers le nord-ouest, nous apercevons les clochers
de Spycker, de Brouckerque. Vers le nord-est ceux
de Steene et d'Armboutscappel ; plus loin encore la
tour et le beffroi de la cité de Jean Bart. Et, plus à
droite, se dessine la Colme avec les tours de l'antique
Groenberg - le berceau et la tombe - qui nous
 
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rappellent le faste et la splendeur de la riche abbaye
de St-Winoc.
Ces plaines, ces champs, ces vergers, ces vieilles
sentinelles, encore debout, ont vu passer bien des
choses, bien des événements. Aujourd'hui calmes et
tranquilles comme les derniers descendants d'une
génération forte et vigoureuse, ils évoquent seulement
le souvenir des temps reculés.
Les châteaux-forts d'autrefois sont remplacés par
des maisons de campagnes où l'on trouve le luxe et
le confort des plus riches maisons modernes ; les
couvents et les ermitages, par des manoirs et des
grandes fermes qui donnent à ceux qui les exploitent
le bien-être, l'aisance et la santé.
Les temps sanglants, les époques troublées des
siècles de fer, qui pesèrent jadis si lourdement sur
notre pauvre Flandre sont enfin passés ! Puissent-ils
ne plus revenir et les descendants des Kerles et des
Blaevotins, unis dans la paix du travail, jouir des
bienfaits d'une civilisation qui s'est fait si longtemps
attendre.
***
Nous ne saurions passer sous silence les progrès
accompli grâce à l'appui des nombreuses sociétés
d'agriculture qui fonctionnent aujourd'hui. Ces socié-
tés, ou comices, ont été créés dans le but de permettre
aux cultivateurs de résister à la concurence étrangère,
aux pays dont la terre encore vierge et, plus féconde
jette chaque année sur les marchés d'Europe leurs
abondantes et prodigieuses moissons. C'est grâce à cet
 
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