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fugitifs souvenirs, venant sans doute des abîmes
insondables où s'amoncellent les choses du passé...

Et, quand la nuit est calme et que l'astre du soir
brille au fond de l'azur, rien ne dit que ces morts ne
reviennent pas dans ces lieux où se sont passés leur
jeunesse et leur âge mûr, lieux qu'ils ont aimés et où,
par leur bon coeur et leur charité, ils avaient su
mériter l'affection des petits et des humbles, l'estime
et le respect des grands et des puissants.

Œquo pulsai pede (1)















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(1) La mort frappe d'un pied indifférent.
- HORACE (Odes 1, IV, X111).

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La réforme, qu'on appela aussi hérésie
d'Allemagne, avait ébranlé les assises du
Vieux monde. La foi des anciens jours
avait fait place au doute, à l'esprit de libre
examen. Jusqu'au XVIe siècle, l'église était sortie
glorieuse de la lice où elle avait vaincu et terrassé tous
ses adversaires : Savonarole, Wiclef, Jean Huss, les
universités, les rois et les empereurs, tout s'était
incliné devant l'infallibilité du dogme, tout avait plié
devant cette triple couronne qu'on appelle la tiare.

L'humanité semblait résigné et soumise pour
jamais à l'église. Léon X avait obtenu une nouvelle
victoire par le concordat avec la France (février 1517).
Cette fois c'était fini, bien fini ; le dernier obslacle
était franchi et la France se donnait au Pape. Rome
triomphait. Dans le ciel sans nuage, aucun point noir
ne se montrait, et le monde entier vivait en paix, à
l'ombre d'un pouvoir quinze fois séculaire, sous la
tutelle d'une théocratie puissante et respectée.

Mais soudain du fond de la Vieille Allemagne éclate,
comme un coup de tonnerre, les thèses hardies et
subversives du frère Martin Luther. La première
émotion passée, les petits et les humbles paraissent
prèter l'oreille aux paroles de ce moine austère, qui
semble aller droit au but en s'adressant au peuple.