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sieurs sermons. A Hondschoote,la situation devenait,
inquiétante.
Des apôtres surgissaient du sol pour électriser les
foules : c'étaient François Goetyt, Antoine Algaëte
dit Zwarte, un ci-devant Augustin appelé Pierre
Jacques. Des nobles mème, par haine de l'Espagne,
s'étaient déclarés partisans du pur Evangile et, parmi
les Gueux qui ravagèrent les églises de la région, on
trouve Jean Le Sauvage, seigneur de Ligny et
d'Escobèque, Eustache de Fiennes, Charles de Lon-
gastre, Henry de Nédonchel, Jacques de Buysère,
ancien moine d'Ipres, marié ensuite à une veuve de
Neuf-Eglise. Ceux-là étaient, les chefs, les organisa-
teurs du soulèvement. Ils croyaient trouver dans les
doctrines de Luther un moyen de dominer les masses
populaires, promettant aux mécontents, aux déshéri-
tés, un avenir meilleur avec le renversement des
choses établies, une part dans le pillage des églises
et des couvents ; et, l'imagination aidant, ils faisaient
espérer à tous ces malheureux une vie exempte
de soucis dans un monde nouveau, en concordance avec
leurs rèves et leurs illusions.
Les Gueux, en somme, étaient un ramassis de
mécontents.Parmi eux, on trouvait des gens de toutes
les classes de la société. Des repris de justice, d'an-
ciens défroqués, des soldats impropres au service et
congédiés, des anabaptistes, des bourgeois et des
serfs échappés des glèbes seigneuriales, et la foule
des désillusionnés et des vaincus qu'on retrouve à
toutes les époques de l'histoire, lorsque le monde
subit les grandes secousses sociales qui, sous prétexte
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de transformer ou d'émanciper les masses, menacent
de tout briser dans la violence du torrent populaire.
Le cadre de notre modeste étude sur Pitgam ne
nous permet pas d'entrer dans beaucoup de détails
sur les troubles religieux qui désolèrent la Flandre
Maritime au XVIe siècle. Nous nous bornerons donc
a exhumer des vieilles archives, les documents in-
téressant la commune dont nous avons entrepris
l'histoire, en renvoyant le lecteur, dans le cas où il
désirerait avoir des notions plus complètes sur cette
malheureuse époque, à l'excellent ouvrage de M. De
Coussemaeker que nous avons été heureux de consulter.
"En 1611, dit-il(1), les Bailli, eschevins et Cuerhers
de la Paroisse et Seigneurie de Pitgam: qui pour
lors appartenait, à Antoine de Grenet, seigneur de
Werp, gouverneur de Maestricht, adressent aux
archiducs (Albert et la princesse Isabelle-Claire-
Eugénie) une supplique dans laquelle ils leur
exposent que depuis 14 mois, la cloche de l'église est
félée, qu'ayant l'intention de la faire refondre, ils
se sont adressés à M. Jean Sauwyn, fondeur à St-
Omer,mais que,vu le peu de ressources dont dispose
l'église, ils n'ont pu faire face qu'au paiement du
premier tiers qui est de 8oo livres, qu'il leur reste à
payer les 2 autres tiers et que, d'autre part, la gout-
tière en plomb qui couvre la partie du bàtiment du
côté nord est fendue sur une longueur de 110 pieds.
ils demandent l'autorisation de pouvoir lever
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(1) Réparations des églises aux XVe et XVIe sièles.
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