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pendant 10 ans, 3 livres parisis sur chaque lot de
vin « consumis es tavernes et nopces au dit Pitgam.»

Soumise au Conseil de Flandre, cette requête fut
modifiée en ce sens que la durée fut limitée à 6
années et la perception à 2 liv. par. sur chaque
tonne de bière et 3 sols sur chaque lot de vin.

Vu l'avis du Conseil, les lettres patentes furent
données en conformité d'i celluy le 25 juin 1611.

D'après le rapport de la cure de Pitgam,
lors des troubles de 1566, il n'y eut ni prêche
ni destruction.Huit ou neuf habitants avaient
suivi continuellement les prêches. Le service
divin n'y a pas été interrompu, honni pen-
dant 2 jours, lorsque le bruit courut que
ceux de la nouvelle religion d'Ekelsbeke
devaient arriver. On comptait néanmoins 800
communiants.

A cette époque, dit M. Delaroière (1) l'église fut
préservée des criminels outrages par l'énergie de ses
habitants. A l'approche des Gueux, ils leur intimé-
rent l'ordre de respecter l'église et leur firent
entendre qu'ils ne souffriraient pas qu'on la
dépouillât de ses ornements, qu'ils étaient 600
pour la défendre et qu'ils avaient, des armes
pour en faire usage."

Il semble après cela que la commune de Pitgam
ne fut plus inquiétée par les Gueux ou Iconoclastes.

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(1) Cet évenement a été rappelé par M. Fourcy, instituteur et organiste à
Pitgam, de 1869 à 1872. Il en a été parlé plus haut, dans la description des
objets et du mobilier de l'église.




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Ailleurs il n'en fut pas de même. A Cassel, à Rous-
brugghe et à Hondschoote, les sectaires assassinaient
un vieillard sans défense,le curé Jacques Mausauder,
au moment où il disait sa messe. A Dunkerque, on
brulait un prêtre partisan des doctrines nouvelles,
Philippe Levasseur. Le curé d'Houtkerque avait eu le
crâne fendu, les oreilles coupées, et mourait après
avoir reçu vingt blessures. Un autre, en défendant
l'accès de son église, tombait en recevant quatre-
vingt coups de sabre et de poignards.

Longue serait la liste des malheureux qui succom-
bèrent sous le choc des passions déchainées. D'un
côté comme de l'autre, les victimes se comptent par
milliers.

Les croyances de Luther ont eu leurs martyrs
comme le Christianisme a eu les siens. La force et la
haine n'ont jamais converti personne.

En torturant les premiers hérétiques, l'Inquisition
leur a donné les palmes des élus; elle a entouré leurs
noms d'une gloire sans tache et d'un prestige qui en
ont fait des saints, avec une auréole au front, comme
ceux qui mouraient pour le Christ aux temps des
premiers siècles.





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