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Ce qui ne manquait pas d'originalité, c'est que le wagon
de voyageurs était chauffé par un grand poêle à charbon que quiconque pouvait alimenter si le besoin s'en faisait sentir et
que la locomotive faisait régulièrement son plein d'eau sur le pont du Deullard où une pompe à bras était installé à cet
effet.
C'est au cours d'une opération semblable qu'un jour de l'été 1944, un avion de chasse britannique l'a mitraillé, en piqué,
ce qui ne l'a pas empêché de reprendre son chemin, on ne sait trop comment, et d'arriver à destination.
Le jour du marché de Bergues, un wagon supplémentaire était mis à la disposition des voyageurs. Il en était de même pendant
la semaine de neuvaine de Bollezeele le jour où les fidèles de Pitgam participaient à l'office et à la procession.
Dès le début d'octobre à fin décembre, trois ou quatre wagons de betteraves s'ajoutaient aux autres, on les décrochait sur
une voie de garage derrière la distillerie de Steene.
Le chef de train était bon prince, lorsqu'une personne lui faisait part de sa crainte de rater sa correspondance, Gustave
-c'est ainsi qu'il s'appelait- consultait sa montre, un gros vignon qu'il sortait d'un gousset placé sous la ceinture et
répondait invariablement que le train arriverait à l'heure; en cas de nécessité il donnait au chauffeur l'ordre d'accélérer
l'allure. De même lorsque M. le maire devait se rendre à Dunkerque ou Lille, il diligentait un de ses ouvriers pour en
informer Mme Huyvaert chef de gare et le train attendait M. Remy Lefever qui n'a jamais, que l'on sache, raté une
correspondance; il avait même le temps de prendre, été comme hiver, un viandox au café de la gare.
Pendant une certaine période, notre petit train fut concurrencé par la ligne d'autobus du service Saint Omer-Dunkerque qui
a son tour fut interrompu par manque de rentabilité, les efforts faits par les communes desservies pour en assurer le
maintien se sont avérés vains.
   
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Activités diverses du passé
Dans les années 1920-1925, la commune comptait 32 estaminets soit 29 dans le bourg et 13 dans les écarts. Chacun d'eux avait
son enseigne. Nous nous souvenons de celles qui suivent: " A l'entrée du village","Au repos des chasseurs",
"Aux vallon vert", "Aux quatre moineaux", "Au progrès", "A l'assurance contre la soif", "Café du sprey", "Café de Nieppe
Houck", "Au lion", "Café de la forge", "Au boeuf gras", "A l'espérance", "Au vingtième siècle", "A l'indicateur", "Au brave
Jean Bart", "Au Rosendaël", "A la maison commune".
Souvent un anneau scellé dans le mur du café, ou, à défaut en bordure du trottoir, une barre de fer ou une chaîne tenue par
deux supports verticaux permettait d'attacher le cheval pendant que le conducteur prenait une consommation.
On trouvait au village tout ce qui concerne la vie courante dans les deux boulangeries-épiceries, six épiceries, deux
boucheries, un charcutier, trois merceries.
Deux brasseries fournissaient une bière légère livrée à domicile en tonnelets de 25 ou 30 litres, en tonneaux de 50 litres
et plus et deux marchands de charbon déposaient à demeure le combustible à la demande.
Les artisans n'étaient pas moins nombreux: quatre forgerons, deux maçons, un plombier-zingueur et marchand de cycles, trois
cordonniers ou savetiers, trois tailleurs, un peintre-tapissier, un menuisier, un bourrelier, un matelassier, un tonnelier.
Les forgerons, les charrons et le bourrelier qui travaillaient essentiellement pour la culture n'étaient payés qu'une fois
l'an, à la Saint Eloi. Le paysan attendait d'avoir reçu le produit de la vente d'une grande partie de ses récoltes: blé, lin,
betteraves, pommes de terre, haricots, pois pour payer son loyer et les artisans. Rappelons que le charron fabriquait aussi
les cercueils.
Ajoutons deux couturières, deux repasseuses, une modiste et une coiffeuse exerçaient leurs talents au village qui comptait
aussi un certain nombre de débardeurs dont le travail pénible consistait à charger et décharger les péniches ou les bacs
destinés au transport des betteraves.
   
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