PITGAM
REVOLUTION-RELIGION

Pendant la période révolutionnaire (1789-1794), sous le Directoire(1795-1799) et aussi les années suivantes, la religion a été l'objet d'une attention particulière de la part des différents pouvoirs en place.
En Flandres et en particulier dans le District de Bergues auquel Pitgam était rattaché, la religion catholique faisait partie entière de la vie de la population et si l'on en juge par les documents trouvés, les relations entre l'administration et la population, au sujet de la religion, étaient parfois difficiles car si les habitants de Pitgam semblent avoir plus ou moins adopté les principes de la révolution, ils restent fortement attachés à la pratique de leur religion.

Les débuts de la révolution à Pitgam ont commencé avec la participation du clergé. Etablissement du cahier de doléances, élection des députés se font avec la participation du curé Hubert Berteloot. Le 22 février 1789 il lit lors du prône du dimanche le règlement pour l'élection et l'établissement du cahier des doléances. En janvier 1790 il est président de séance pour la constitution de la nouvelle municipalité et a reçu le serment civique de celle-ci. Le 8 novembre il déclare ses revenus. En avril 1791 avec le vicaire Devienne il participe à la contribution patriotique en donnant 400 livres!, le 31 avril il déclare ses ressources et réclame aux administrateurs du directoire du district de Bergues le paiement de 1145 livres

En décembre 1790 une réponse de la municipalité aux questions du district de Bergues donne un état détaillé des revenus du Curé Hubert Berteloot, du vicaire Louis Devienne et du coutre Bonnaventure Haezebaert. (Voir dans le chapitre révolution 1790 questions)

Je n'ai pas trouvé d'autres documents concernant le curé Berteloot sauf que le 16 décembre 1792 la municipalité mentionne que le curé Hubert Berteloot est déclaré "sorti depuis le début de la révolution et même émigré".

Néanmoins on peut supposer qu'entre le 31 avril et le 8 mai date à laquelle Denis Joseph Harache prend possession de la cure de Pitgam il s'est passé quelques événements importants qui ont conduit au départ de Hubert Berteloot et qui ont été certainement consignés quelque part...

Le curé Harache est né à St Omer et venait de Bourbourg ou il était premier vicaire, une des premières traces de son activité à Pitgam est de recevoir sa pension et il n'hésite pas, dans une autre lettre, a demander le remboursement de ces frais de déplacement: "Pour recevoir ce qui me revient tant pour avoir voyager et vaquer a la nomination de l'évêque du département il coûte par un certificat de la municipalité de Bourbourg que d'aller et venir de Douai a Lille il me revient 16 journées pour ce qui est des voyages de bergues je me refere a votre justice..."

Le 8 mai, lors de son installation il prête le serment requis; le 26 septembre 1792, il prête serment "d'être fidel à la nation et de maintenir La Liberté et L'égalité ou de mourir en la défendant"; le 1 er août 1794, il se soumet à la garantie civique en exécution de la loi du 7 vendémiaire dernier et déclare "reconnaître que l'universalité des citoyens français est le souverain et il promet soumission et obéissance aux lois de la republique française".
Ces serments ne contiennent aucun mot concernant l'abjuration à la religion catholique, les événements décrits plus loin montrent qu'il eut été difficile de demander cela face aux citoyens de Pitgam.

Il participe à tous les événements municipaux, il est président du scrutin lors des élections municipales de 1791 et 1792. En octobre 1792 il assiste à l'élection du nouveau greffier Louis Pidou; en novembre il est nommé commissaire pour engager les citoyens à fournir ''des effets en conformité d'une lettre adressé au dit Conseil de Pitgam, de la part de l'ordonnateur de l'armée du nord".Encore en novembre le citoyen Harache curé constitutionnel est proclamé après scrutin (treize suffrages sur quinze votants) officier public conformément à la loi du 20 octobre 1792 pour tenir les registres de naissances, mariages, décès.
En septembre 1795 il est élu président du scrutin pour élire les douze membres du comité de surveillance chargés de recevoir les déclarations des étrangers qui y résident ou qui pourraient y résider.

En 1795 lors de l'inventaire de l'église, la municipalité mentionne qu'elle le considère comme un bon patriote.

Après 1795, le nom du curé Harache n'apparaît plus dans les documents d'archive que j'ai lus.

Albert Jannin mentionne qu'il ne s'est pas marié pendant la révolution (alors que dans d'autres communes de France ils ont été obligé de le faire pour garder la vie sauve) et qu'il est décédé desservant de Holque le 7 floréal an VII(27 avril 1805).

Pendant cette période et en dépit des pressions du directoire de Douai, reprises par le directoire du district de Bergues, la municipalité supporte l'église ainsi que le montre les faits suivants:
En 1792 les activités du sonneur de cloche sont définies (document en flamand à compléter) et une lettre est envoyée au district le 21 octobre en réponse à la lettre du district du 23 juin dernier mentionne le besoin de garder les cloches qui servent à "régler au service de la commune de notre paroisse". A noter que l'on parle de la commune de notre paroisse, la notion de paroisse continuera longtemps.

En 1793 l'orgue est acheté, il provient du monastère des recollets à Dunkerque. (Voir site http://www.patrimoine-de-france.com ), la décision de faire les réparations nécessaires est votée et un contrat d'entretien de deux ans est passé avec le facteur d'orgue Guilmant.

Toujours en 1793, la municipalité refuse de démolir ou vendre les petits oratoires et d'ôter les signes religieux se trouvant sur les lieux publics sans que la loi ne leur soit parvenue.

Si en janvier 1794 les deux petites cloches (Il en a coûté 64 livres pour les descendre) sont livrées à Bergues, en mars les croix ne sont toujours pas enlevées des lieux ou elles se trouvent.

Néanmoins, la municipalité est aussi obligée de suivre les lois et décrets de l'assemblée nationale comme en octobre 1792 de faire l'inventaire de l'argenterie de l'église ou en 1795 l'inventaire, déjà cité, des objets contenus dans cette même église ainsi que de donner des réponses aux questions du Directoire du district de Bergues comme en 1795 la pension du curé, la déclaration du lieu de culte.

Ce qui suit montre bien l'attachement des habitants à la religion:

En février 1794, dans une analyse de la situation à Pitgam, l'agent national JF Couckercke(un fermier comme les autres membres du conseil municipal) mentionne:"quand à l'esprit publicq le plus grand nombre de personnes sont portés pour la religion catholique et quant a la revolution chacque un desirerai d'avoir une paix favorable et aiment le repos et la tranquillité."

En Février 1795, quatre cents personnes requièrent que la messe soit célébrée dans l'église qui devait être vendue comme bien appartenant à la nation (le texte n'est pas bien clair sur ce point) et les officiers municipaux pour justifier leur acceptation ont écrit :"Oui l'agent national nous officiers municipaux susdit, pour Eviter toutes extravagances et mauvaises poursuittes et pour calmer les clameurs du peuple avons en consequence consentis avec douleur pour le bien Etre de la chose."

A partir de 1796, sous le directoire, il y a de nombreux rappels à l'application des lois en matière religieuse, en particulier en ce qui concerne les cloches. A ce sujet, de nombreux placards sont imprimés et envoyés dans les communes.
En 1796 il y a un savoureux échange par placards interposés entre le commissaire du directoire exécutif près l'administration du nord qui rappelle l'interdiction de sonner les cloches et le président de l'administration municipale de Bergues qui démontre qu'il y a danger de défendre de sonner les cloches.

Malgré ces échanges, en septembre 1796 le commissaire rappelle avec menaces l'interdiction de sonner les cloches.

En 1796 suite à des vols de cloches il est demandé de faire le recensement des cloches et chaque agent municipal est personnellement chargé de le présenter à chaque réquisition.

En Janvier 1798, à la suite de l'arrêté du département du Nord du 5 pluviôse an VI demandant de procéder à l'enlèvement des croix des édifices et églises publics, la municipalité informe le district de Bergues que maçons, charpentiers et autre gens de l'art n'ont voulu prendre la besogne,"attendu que les cloches se trouvent trop dangereuses."

En septembre 1798 l'administration centrale du canton de Bergues demande le libre exercice du culte catholique garanti par la constitution de l'an 3 art 54. Cette lettre signée par PF Dupond de Pitgam (confirmé par la comparaison des signatures)est un petit chef d'oeuvre...

Ces événements montrent que la municipalité de Pitgam a défendu la pratique du culte, ce qui est facilement explicable: la plupart deses membres étant des fermiers, souvent parmi les plus importants et qui pour certains faisaient déjà partie du conseil avant la révolution. En fait, comme on le verra dans la partie consacrée à la révolution, dans les différents conseils municipaux élus pendant cette période il n'y a pas d'artisan, de journalier ou d'ouvrier.

Le 24 janvier 1798 nouvelle interdiction de sonner les cloches: "je me plains à vous même de la continuité du son de la cloche." suivit le 5 février d'une demande de remise de la clef du clocher entre les mains de l'agent national lequel sera responsable des infractions à la loi.

Toutes ces interdictions de sonner les cloches étaient signées par le commissaire Groslevin de Douai, il semble en faire une fixation.

Fin 1797 et en 1798, il y a aussi plusieurs demandes pour rappeler l'interdiction de faire des processions à l'extérieur des lieuxde culte, pour une surveillance accrue des ministres du culte, pour poursuivre les personnes qui protègent les émigrés et les prêtres déportés et même en novembre un rappel des mesures relatives aux prêtres qui mentionnent "que les prêtres sont les ennemis les plus dangereux de la revolution."

En janvier 1799, la faculté d'exercer le culte est rendue aux citoyens mais dans certaines bornes et en particulier toujours l'interdiction de l'usage des cloches. Elles étaient vraiment considérées comme les ennemis de la révolution.

En août 1799, le presbytère est vendu aux enchères pour 72000 france au curé conventionel Harrache.

En 1803, la restitution des biens non aliénés aux églises sonne la fin de la lutte révolutionnaire contre les églises.

Pendant la révolution et sous le directoire il semble que la déchristianisation n'a pas eut vraiment cours à Pitgam, la municipalité a toujours su protéger la pratique de la religion et l'église.

La lecture des archives ne permet pas de tout savoir, certaines ont du être perdues ou sont stockées ailleurs, peut-être à Bergues...
En lisant la monographie de Pitgam d'Albert Jannin j'ai acquis la certitude que d'autres documents existent; ainsi un autre procès-verbal de la prestation de serment du 8 mai 1791 du curé Harache qu'il a recopié.

Un tableau permet de suivre la chronologie des événements et à travers les documents joints (originaux ou recopiés) de se faire une idée de ceux-ci.

eglise histoire

Page créée par Stevenoot pierrele 27/05/07.