PITGAM |
Les premières données concernant la dîme à Pitgam datent des années 1200, la famille Willaume,
châtelain de St-Omer, abandonne à l'église de Watten la part de la dîme
de Pitgam leur appartenant.
Ces documents nous apprennent qu'en 1250 un WiIlaume est prêtre et curé de Pigtham. Il reconnaît
qu'il n'a aucun droit sur une dîme située à Pitgam au lieu dit Millehouc. (Intéressant de
trouver d'autres données.)
Les dîmes étaient régies par de nombreux arrêts, édits et lois en particulier l'édit de 1665 concernant les
réparations des églises paroissiales, réactualisé par l'arrêt de 1773 qui fût publié à
Pitgam après la grand messe le dimanche 28 juillet 1776 et la déclaration de 1686 pour le paiement de la
portion congrue des curés.
La perception et la destination des dîmes a entrainé de nombreux procès dans tout le royaume de France, même
à Pitgam, un procés à propos de la reconstruction de l'église, a eu lieu en
1702, au parlement de Tournai, entre le chapitre de Boulogne, percepteur
de la dîme, et les baillis, échevins et bourgeois de Pitgam.
A Pitgam, deux dîmes étaient perçues, l'une au profit de l'évêque de Saint-Omer; l'autre pour les chanoines
du Chapitre de la Cathédrale Notre Dame de Boulogne.
Concernat la période de 1749 à 1782, (sans toutefois couvrir toutes les années de cette
période.), il est possible d'avoir un aperçu de ce qu'était la perception de la dîme à Pitgam et
surtout de se poser beaucoup de questions à son propos.
Il est à noter que tantôt les documents sont en flamand, tantôt en français; les montants en florins ou en
livres. Pourquoi?
Les chiffres contenus dans les tableaux, construits à partir de documents trouvés, n'ont pas beaucoup d'intérêt si ce
n'est pour montrer la complexité du recouvrement de la dîme.
Ces documents permettent d'essayer d'établir les conditions de recouvrement de la dîme à Pitgam, néanmoins
une confirmation par des spécialistes de la dîme en Flandres serait utile.
1°- Pour les deux dîmes, le territoire de Pitgam était divisé en cantons (22 pour Boulogne et 12 pour Saint-Omer, différents
des terriers) et un mesurage des terres ensemencées était fait chaque année par un arpenteur juré. Des cartes ont
certainement été faites mais restent bien cachées ou ont disparu.
2°- La dîme était perçue sur le gerbes, tabac, tout autres dîmes sans précision et avec une insistance particulière pour le
colza. Il ne semble que seules ce qu'on appelle les grosses dîmes concernaient Pitgam.
3°- Chaque année, un loyer par canton était établi à la suite d'enchères, ceci en présence, selon les années, d'un "testor"
, d'un notaire de Bergues.
Les conditions de loyer étaient décrites dans le menu détail ainsi que l'attestent les documents concernant
Saint Omer: traduction pour 1764, en français pour 1766,
en français pour 1785 et Boulogne en 1764.
Le document de 1875, nous apprend que le notaire Raimond Chocquel de Bergues s'est déplacé à Pitgam, pour l'enchère qui
s'est déroulée au café de la loï.
Le document de l'année 1781, concernant Saint-Omer, indique que les magistrats des chefs collège établissaient le règlement
concernant la taxation de la dîme :
"Taxation du dixsième denier des dîmes appartenant les mesmes dixmes à Monseigneur l'évêque de St Omer, pour grosses ce
qu'ils doivent a la paroisse et seigneurie de Pitgam en vertu du reglement fait entre les decimateurs et les magistrats
des Chefs College, dont la grandeur de chaque canton, ainsi que le prix du louage et iceux pour l'année 1781".
4°- Les fermiers étaient tenus et obligés d'avoir une caution pour chaque canton et une petite partie du loyer
devait être payée comptant.
5°- Au loyer s'ajoutaient des frais: pour le mesurage, le crieur, la lettre de bail, le dixième du loyer
principal pour "vins ordinaires", la taxation du vingtième denier à sa majesté.
6°- Le taux de la dîme pour la paroisse reste à expliquer, nous trouvons dixième et douzième denier la même année, ainsi
par exemple pour Saint-Omer en 1763 le 10 ème denier et le
12 ème denier et pour Boulogne en 1778 le 10 ème denier, et
le 12 ème denier
En 1770 pour l'évêque de Saint-Omer ce sont le douzième denier et le
quinzième denier qui sont perçus la même année, et pour Boulogne en 1767, 1768.
En 1766 pour Boulogne on trouve à la fois le mesurage,
10 ème denier, le 12 ème denier et le
15 ème denier.
7°- Le ramassage (dépouillement) des récoltes soumises à dîmes semble être fait par le fermier qui a loué le canton ou par
un autre.
8°- La somme revenant à la paroisse ne correspond pas au 10ème, 12ème, 15ème denier, elle est souvent soumise a des
déductions comme "1/3 moderatie"; ou mieux on calcule le 10ème ajoute 2 sols par livre et divise la somme par deux?
Cette somme restante du dixième, douzième et quinzième deniers était-elle celle qui revenait à la paroisse?
9-La taxation du douzième denier des dîmes pour le roi " fait à la charge des dites dimes sera païée par le bailleur".
Les 12 cantons contribuant à la dîme de l'évêque de Saint-Omer couvraient un superficie d'environ 700 mesures; les 22
cantons de Boulogne une moyenne de 1200 mesures in (1241 mesures en 1749) soit
un total d'environ 1900 mesures à comparer aux 5300 mesures (2334 hectares) de la superficie totale de Pitgam en 1741
(aujourd'hui 2340 hectares).
Ce qui semble bien indiquer que seules les surfaces ensemencées étaient soumises à la dîme.
En 1777, le curé (Hubert Bertheloot) cède une partie de sa portion congrue aux décimateurs qui
est partagée entre l'évêque de Saint-Omer et les chanoines de la cathédrale de Notre dame de Boulogne.
Les revenus de la dîme peuvent être estimés, en fonction du loyer moyen par mesure et du nombre de mesures soumises à
dîmes.
Ce tableau permet de voir l'évolution du montant de la dîme sur une période de plus de 30 ans Pour Boulogne et 15 ans pour
Saint-Omer.
année
bénéficiaire
surface
#bail par
mesuremontant 1749
Boulogne
1241
4
5335 1777
Boulogne
1229
8
10738
1782
Boulogne
1200
7
9500
année
bénéficiaire
surface
#bail par
mesuremontant 1767
St Omer
687
3
2000 1777
St Omer
727
6
4350 1782
St Omer
720
6
4500
Le montant du bail par mesure est arrondi
Pour 1767 à Saint Omer les montants sont en Florins, soit le double en Livres.
Deux documents confirment ces montants.
(Source:ADN J466 29 photo 2366)
"Extrait du montant et produit des dimes appartenant à Monseigneur l'Evêque de Saint Omer, dans la paroisse et
seigneurie de Pitgam" pour les années 1760 à 1762 qui a été rédigé à Bergues en 1773 par le Sieur
et Me Bernard Verquere. Pourquoi?
année
florins. penk. den 1760
1790.2.7 1761
1307.0.6 1762
1547.1.8
Le document ci-dessous est un extrait des comptes rendu en 1760 par Mr Verquere pour la dime de Pitgam,
sans que l'on puisse savoir si cela concerne uniquement Saint-Omer ou Boulogne,ou l'un et l'autre.
Néanmoins on peut remarquer que le douzième penninck ne représente qu'un peu plus de 8% pour la paroisse
Source ADN J466 29 photo2378
Montant en livres. sols. deniers parisis
année
recette
pour les vins
total
paie pour
12e denier1760
3937.13.9
393.15.4
4331.9.1
360.19.1 1761
3046.2
304.12
3351.2
280.5 1762
3937.14.8
393.15.5
4331.10.1
360.2 1763
3992.15.1
399.5.6
4392.0.7
366
Ceci est un aperçu de la perception de la dîme à Pitgam, en fonction des documents trouvés jusqu'à présent.
Bibliographie:
1689 La bibliothèque canonique par L.Bouchel pages 449 à 507.
1751 Principes et usages concernant les dixmes par Louis François de Jouy.
1777 Collection de décisions nouvelles et de notions à la jurisprudence actuelle par J.B Denisart tome II pages 87 à 104.
1780 Essai historique sur l'origine des dixmes.
1784 Répertoire universel et raisonné de juisprudence par M. Guyot tome VI pages 3 à 50 (Page 37 concerne La flandre et en
particulier Bergues)