PITGAM
REVOLUTION 1789-1795

Comme dans toute la France la révolution de 1789 a été un événement majeur qui concernait tous les citoyens, les archives donnent un certain nombre de données qui permettent d'avoir une idée de ce qui c'est passé à Pitgam.

Le territoire de Pitgam sous la révolution
Fin   1790 la commune de Pitgam a fourni un état de l'étendue des bornes de la paroisse (on a utilisé très longtemps la notion de paroisse dans les actes officiels) et commune ainsi que la taxe directe.

Le 15 janvier  1791 à la demande du Directoire du département du Nord qui désirait connaître la formation et l'organisation des municipalités, la paroisse de Pitgam a fourni les éléments demandés. Sa réponse est un long plaidoyer pour être élevé au rang de canton. On y apprend que ''les engrais de l'agriculture sont les seuls richesses du pays.''

Le 9 février  1791 suite au décret de l'assemblée nationale des 20, 22, 23 novembre 1790, la municipalité envoie la description de la division du territoire de Pitgam en six sections

Le 30 août  1792 le Directoire du district de Bergues conserve les limites de la paroisse de Pitgam et la municipalité de ce lieu abandonne l'idée de réunir des municipalités pour y placer une municipalité centrale afin d'éviter les frais que pourraient causer cette municipalité centrale

C'est en fait l'abandon de l'idée d'être indépendant de Bergues, mentionnée dans le cahier des doléances de 1790, ( voir ci-dessous) et renouvelée en Janvier 1791
1789
Le 26 mars 1789 les Pitgamois nés français ou naturalisés, âgés de 25 ans, imposables, étaient réunis en présence de Jean Baptiste Ryckelynck baillie, pour choisir les députés chargés de représenter les 320 feux de Pitgam.
Les élus furent Louis Vandenbavière, Guillaume Delabaere, Pierre Deconinck et Benoît Gars.
Ces élus étaient particulièrement chargés de porter le cahier de doléances le 30 mars à huit heures du matin à M.Le Bailly du baillage "roial" de Bailleul.
Le compte rendu de l'élection des  députés donne en particulier le nom des participants et les signatures de ceux qui savaient signer. Dans les annales du Comité flamand A. Bonvarlet (P227) à propos de Pitgam indique que le comte d'Esterno ministre plénipotentaire près de la cour de Berlin n'ètait pas à Pitgam ce qui semble ce confirmer à la lecture des signatures.

Dans l'ouvrage d'Albert JANNIN Monographie de Pitgam se trouve le cahier de doléances que j'ai recopié.
Ce cahier, en 17 points, montre que les principales plaintes et doléances concernaient les relations avec la châtellenie de Bergues (charges et impôts, frais d'entretien des ponts destinés à favoriser la navigation sur Dunkerque, loyer pour des terres utilisées comme stockage de fumier et autres engrais destinés à l'étranger!!), les problèmes de chasse, la nomination des gens de loi, demande pour que l'affermage des biens de la paroisse et des pauvres soit public etc...
La plus grande requête c'est que la châtellenie de Pitgam soit déclarée indépendante de celle de Bergues pour les frais et impôts locaux.

Ce qui précéde se retrouve dans le livre les Cahiers de la Flandre Maritime en 1789 de A.Saint léger & Ph Sagnac.

Au archives du Nord, J'ai photographié le cahier des doléances en flamand et en français. Celui en français a été simplifié.

Le rôle des différentes taxes permet de mieux connaître la population et les fermes de Pitgam en 1789

La population en 1789
La taxe de  moulage qui semble être payée par tout le monde,permet de déterminer que 312 foyers (chiffre légèrement différent des 320 mentionnés lors de l'élection des députés en mars) payaient cette taxe. Pour chaque foyer il est mentionné le nombre de personnes ce qui permet de déterminer qu'en Juillet 1789, 1386 personnes vivaient dans le village de Pitgam.
La taxe de moulage était de 15 deniers par personne.

Les fermes en 1789
Le   lantcost (taxe foncière) donne la superficie pour chaque parcelle, le nom du propriétaire et le nom du locataire.
Le   vingtième (impôt sur les revenus fonciers) ainsi que la taxe des   wateringues permettent de faire un recoupement avec le "lantcost" et de se faire une idée de la structure des fermes:
La superficie des terres soumises au "lantcost" était de 4766 mesures (environ 2100 hectares) divisée en 1809 parcelles qui sont numérotées de 0 à 983(signification?) . Ceci peut être comparée à la superficie actuelle du village de Pitgam qui est au total de 2336 hectares .
Le nombre de propriétaires (230) était supérieur au nombre de cultivateurs occupants (157 fermes) mais les propriétaires occupants leur terres n'étaient que 43 pour un total de 620 mesures(13% du total) aussi, en complément, ces fermes comportaient des terres en location. Seulement 7 propriétaires occupaient uniquement leurs propres terres. (76 mesures au total)
Parmi les 230 propriétaires le plus gros était Dr Herwyn avec 300 mesures, puis la famille Palmaert avec 164 mesures(un des Palmaert louait une partie de ses terres aux autres Palmaert) Il y avait deux propriétaires avec respectivement 107 et 102 mesures, 20 pour des surfaces entre 50 et 99 mesures, 55 entre 20 et 49 mesures, 36 entre 10 et 19 et 115 pour des surfaces inférieures à 10 mesures soit 50% des propriétaires.
les tables de pauvres (disch) de Pitgam, Steene, Quaedypre plus quelques autres possédaient 141 mesures.
Le clergé possédait 217 mesures y compris 42 pour l'église de Pitgam, 38 pour le nouveau cloître, 27 pour l'archevêché de Saint Omer plus quelques mesures aux jésuites et au séminaire ect...
La noblesse possédait 286 mesures y compris 92 mesures pour "delen heer Pitgam"(la noblesse de Pitgam) et 61 mesures au seigneur de Pitgam :le Comte D'Esterno?) ainsi que trois barons (D'Esquelbecke,Dedrauk et Depourlé) qui possédaient 117 mesures.le "heer dringham" et le "Heer Van Cleenbrugge" en possédaient quelques unes aussi.
Ceci montre que la noblesse et l'église possédaient 9% des terres, et si l'on considère que les personnes qualifiées de "D'heer" n'étaient pas des nobles, les terres étaient déjà aux mains de particuliers qui pour la plupart ne vivaient pas à Pitgam.

La superficie moyenne des fermes était de 30 mesures, les trois plus grandes fermes étaient celles de Francois Couckercke (125 mesures), D'heer Pieter Debeyer (121 mesures) et Laurent Palmaert (119 mesures). 55% des fermes avaient une superficie inférieure à 20 mesures (8,8 hectares).

Il est a noté que pour le territoire de Pitgam était divisé en quatre parties: Northouck, Oosthouck, Westhouck et Zuythouck que l'on retrouve dans le rôle des taxes; de plus pour le calcul de la taxe on distinguait les terres basses (Nederland) des terres hautes (Opperland).

Les fermiers ont composé la majorité des   conseils municipaux élus entre 1789 et 1794 sauf sans doute le maire Charles Van Hondeghem?.

Les affaires continuaient, en 1789, il y eut des ventes de terre.

Le 17 mai 1789 un impôt de six livres parisis dix sept sols par mesure de terre est établi pour couvrir les budget des dépenses qui s'établit à 31889 livres après déduction des excédents de l'année antérieure et de quelques recettes.
Une conversion monétaire permet d'établir qu'une livre parisis valait 1,6 gulden de France.

1790
Dans le registre intitulé:"Register van artikelen van syn Majesteyt beginnen den 30 april 1789 endyghen den 6 January" se trouvent recopiés 54 de 359 décrets, avec en particulier les décrets concernant la constitution des municipalités.
Le 20 janvier 1790 les citoyens actifs sont sommés et convoqués par le corps municipal pour les élections qui ont lieu le vingt huit à neuf heures du matin, dans l'église paroissiale.

Le 28 janvier à l'issue du scrutin le Sieur Vandenbavière est proclamé maire; les Sieurs Guillaume Delabaere, Benoit Gars, Benoit Pouchele, Ignace dubois et François Christiaens sont proclamés officiers municipaux.
Le lendemain le Sieur Arnout Vandenleekhoutte est proclamé procureur de la commune mais, étant le beau frére du maire Louis Vandenbaviere, ne peut exercer sa charge, il est remplacé après élection par Jacques Winocq De Croocq,.
les Sieurs François Couckercke, Pierre Itsweire, Laurent Palmaert, Pierre Vanherzel, Alexis De Croocq, Laurent Magerman, Jean Bakeroot, Adrien Arnoult, Pierre Ryckewaert, Pierre Dans, Benoit Keghel et Jacques Ardaens sont proclamés notables.
Le surlendemain dimanche 31 janvier la nouvelle municipalité prête serment.
Il est a noté que le Président de séance est le curé Hubert Berteloot qui par la suite sera réfractaire; le secrétaire est Devienne (sans doute le vicaire).

Le 4 mars 1790 le   député de la garde nationale Jacques Ryckelynck reçoit 130 livres tournois pour ses frais lors de son voyage à Paris pour assister à la confédération générale

En avril 1790, 199 personnes participent à la  contribution patriotique décrétée par l'assemblée nationale le 6 octobre 1789.
Chaque contributeur mentionne:" Je soussigné nom, prénom, profession déclare que son voeu etant de contribuer aux besoins de l'état j'offre volontairement la somme de x livres x sols x deniers que je m'engage de payer (comptant, ou, avant l'expiration du premier terme)".
Même des écolières ont contribué pour 1 livre de france et quelque sols.

Le 1er décembre 1790 il a été procédé, par les citoyens actifs, à  l'élection de quatre assesseurs auprès du Juge de Paix de Bergues. Pierre Itsweire, Pierre Debeyer, Jean Baptiste Ryckelynck et Charles Van hondeghem ont été élus.

Le 24 décembre 1790 la municipalité de Pitgam adresse au District de Bergues la réponse aux   questions posées par le directoire du District concernant les biens patrimoniaux de la commune (il n'y en a pas).Le ton de cette réponse montre que la municipalité de Pitgam était quelque peu excédée d'avoir encore à répondre a ces questions, mais par contre,l'annexe permet d'avoir une bonne idée de la marche de l'église: revenus du curé(Hubert berteloot) du vicaire(Louis Devienne) et du Coutre (Bonneaventure Haezebaert), frais de l'église, messes.
1791
En mars 1791 un problème d'  affichage des lois ordonnances et décrets s'est posé, les documents montrent une situation plutôt confuse.

Le 5 octobre Le montant des   pensions communiqué au district de Bergues permet de connaître que le clerc et maître d'école est Jean Bonneaventure Haezebaert, le maître en Chirurgie Jean Baptiste Mantet et que Jean Baptiste Miliot est en charge des fossés et de la discipline dans l'église.

Le dimanche suivant la Saint Martin, a eut lieu à Pitgam l'élection pour le remplacement de la  municipalité après deux ans de mandature. Cette élection a été faite par les "citoyens actifs" mais en fait il n'y a eut seulement que 86 votants pour élire le maire. N'y avait-il que 86 citoyens actifs.
  décrets

1792
EN mai 1792, suite à une délibération du directoire du district de Bergues l'entretien des   chemins de traverse et non pavé est à la charge de la commune

En Juin 1792 une liste envoyée à Bergues montre que Charles Van hondeghem est toujours le maire mais quelques officiers municipaux ont changé.

Le 12 septembre 1792 les maisons des suspects ou supposés suspects sont visitées pour trouver des armes et munitions de guerre. La situation devait être étrange, car dans la   liste des 56 maisons visitées se trouvent celles qui ont signé le document comme L Palmaert J.P. David. On y retrouve aussi Louis Vandenbaviere, Guillaume Delabaere qui avaient été nommés députés en 1789!!

A partir de septembre les "notables" ont du, selon la loi du 14 août 1792, prêter serment d'être fidèle à la nation et de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir en la défendant.

Le 26 septembre 1792 le curé Joseph Denÿ Harache, Louis Pidou clerc et Jacques Huyser ont prété serment.
Le même jour le procureur de la Commune assemblé avec le Conseil général, présidé par M.Palmart en l'absence du maire; ont conclu, à la suite d'un scrutin, à la démission de Vandenheckhoute secrétaire greffier; Louis Pidou Clerc a été nommé pour remplir provisoirement la fonction jusqu'à la nomination d'un secrétaire greffier.

Le 7 octobre 1792 première année de la république française, maire et officiers municipaux assemblés avec le conseil de la commune ont prêté sur la place publique, en présence des citoyens.

Le 14 et 26 octobre 1792 les cultivateurs fournissent des chevaux pour le convoi de Lille, trois commissaires sont sont nommés pour les évaluer.

le 17 octobre 1792 il est procédé par vote à la nomination du nouveau secrétaire greffier Louis Pidou qui prête serment. Pour cette Charge il reçoit deux cents livres argent de France par an sans pouvoir exiger de gratification pour devoirs extraordinaires.
Dans ce document il est mentionné que Benoit Pouchele est le Procureur de la commune.

Le 17 octobre 1792 il est ordonné au citoyen Mollet " d'incessamment remettre sur l'arbre de la liberté le drapeau, qui nous parait bien d'être enlevé sans avoir aucune connaissance d'ordre, qu'ainsi le drapeau de ci devant la confrerie de saint Sebastien dans l'eglise tel comme il a été mise en conformité du decret sous peine de droit".

Le 25 octobre 1792, suite à une lettre de l'administrateur du directoire du district de Bergues le conseil général de la commune a nommé des commissaires pour établir le tableau du rendement des grains.

Le 30 octobre les citoyens Joseph Denis Harache Curé, Dominicq De Gomme, sont nommés commissaires pour procéder à l'inventaire de    l'argenterie qui se trouve dans l'église paroissiale.

Le 2 novembre 1792 les citoyens Denis Joseph harache Curé, Pierre Itsweire, Pierre Roels, Charles Leys, Jacques De Smidt, Winnocq Pouchel, Jean Ryckelynck, Nicolas thibauw sont nommés commissaires pour engager les citoyens à fournir ''des effets en conformité d'une lettre adressé au dit Conseil de Pitgam, de la part de l'ordonnateur de l'armée du nord".

Le 10 novembre 1792 le conseil général "ont arrêté que les frais fait par le tribunal de Bergues saiant a duncquercque, des affaires intenté contre le citoÿen Jean Baptiste rÿckelÿnck ne seront paÿé et le dit conseil de plus d'attendre des ordres plus strictement que celles signifié au citoyen benoit pouchel procureur de la commune du 24 octobre dernier" Difficile à comprendre!..

Le 24 novembre 1792 le conseil général de la commune de pitgam "ont arrêté que tout ceux qui ont satisfait aux ordres du convoÿ, quils auront chacun pour rétribution et récompense savoir, pour chacun de leurs chevaux six livres par jour, et trois livres par jour au celui qui aura fournit les chariots, tandis celui pourrait avoir fourni deux chevaux, et chariot aura ou recevra au retour quinze livres lesquels seront paÿé des deniers provenant de la taxe locale".

Le 24 novembre 1792 demande du citoyen Jacques De Smit d'être indemnisé pour la perte d'un cheval au retour de Lille. Le propriétaire de ce cheval évalué à cent vingt livres ne sera pas indemnisé car il était attaché derrière un chariot.

Le 14 novembre 1792 le conseil "a procédé publiquement d'inventorier les dépenses à la charge de la Commune qui se montant à la somme mil six cent quatrevingt dix huit livres quatorze sols sept deniers, le tout fait sans préjudice des dépenses qui seront rapportées ci après".

Le 25 novembre 1792 après   élection Charles Van hondegem est reélu maire et Frans Couckercke procureur de la commune, officiers municipaux et notables sont aussi élus

Le 27 novembre 1792 "suite au decret de la convention national du 28 septembre dernier demandant de tenir une fête civique dans toute la république en mémoire du succés des armées françaises en Savoie le conseil a décidé de tenir une petite fête et réjouissance samedi prochain le 30 de ce mois".

Le 27 novembre 1792 vote pour la formation du bureau municipal les citoyens Dominicq De gomme (5 suffrages), Pierre Itsweire et Benoit Pouchel (chacun 4 suffrages) ont accepté leur charge

Le 27 novembre le citoyen Harache curé constitutionnel est proclamé après scrutin (treize suffrages sur quinze votants) officier public conformément à la loi du 20 octobre 1792 pour tenir les registres de naissances, mariages, décès.

Le 7 décembre 1792 délibération sur les frais locaux de l'année 1791, le conseil général en réunion extraordinaire considère que la somme allouée par l'état ne peut suffire aux frais locaux ont résolu de taxer provisoirement pour alimenter les pauvres. Il est mentionné qu'en 1791 les dépenses de la garde nationale sont de 300 livres et celles de l'administration des officiers municipaux 1000 livres. Les dépenses totales de 5528 livres

Le 14 décembre 1792 le tribunal de Dunkerque dans l'affaire Jean Baptiste Ryckelynck prononce un jugement en défaveur de la paroisse qui doit payer sans délai les frais. Les citoyens Dominicq De gomme et Benoît Pouchele sont nommés pour faire le payement "moÿennant de tirer quitance".

Le 26 décembre 1792 une "  circulaire du syndicat des Fabriques et Confrairies"demande un certain nombre d'états et en particulier la liste des biens qui doivent être vendus au profit de la nation.

En août 1793 il y a une note sur les frais locaux de la commune pour l'année 1792 qui s'élèvent à 8900 livres dont 6299 pour les pauvres. Le traitement du greffier était de 600 livres et celui du maître d'école 280 livres.

1793
Tout d'abord la liste des  professions à Pitgam en 1793 permet, après celle des paysans en 1789 (voir ci-dessus), de mieux connaître la population de Pitgam.Il y avait quatre cordonniers, quatre charpentiers, quatre épiciers,trois cabaretiers,trois meuniers ect...

Après avoir étudié tous les documents, que j'ai pour l'instant trouvé (Il faudrait voir les archives du district de Bergues),concernant l'année 1793 à Pitgam, je propose l'analyse suivante qui peut être reprise par tout ceux qui le veulent étant donné que j'ai recopié le plus fidèlement possible ces documents et que pour celui qui veut revoir les documents il suffit d'aller aux ADN à Lille (cote J466 8)

Tout d'abord un certain nombre de personnes qui étaient à la tête de la paroisse en 1779 le sont toujours fin 1793; les signatures portées sur un document de 1779 concernant l'habitation du curé Devienne et celles sur les documents de 1793 le montrent bien.
Cette situation explique peut-être ce que j'appellerai la modération du conseil Général. Ils ont suivi les réquisitions concernant les grains, les chevaux, les chariots et les habits, couvertures, sans pour autant, il me semble, donner spontanément. Lors de la levée des 300000 hommes il y eut quelques manifestations avec injures et coups qui pour certains se sont effectivement terminés devant le tribunal à Dunkerque puis à Douai, mais sans plus. En dépit d'une liste de suspects de plus de 110 personnes établie en juin qui ont du faire le serment d'être fidèle à la république et de reconnaître Le Curé comme légitimement constitué, il y a eut seulement quelques arrestations.
Le souci du conseil général semble d'avoir essayer de garder la confiance des habitants tout en répondant aux demandes des administrations.
Tout d'abord pour toutes les demandes concernant le recrutement, les réquisitions, il est toujours fait référence à la loi ou au District de Bergues comme pour justifier le caractère obligatoire d'y satisfaire. Lors du recrutement il a été fait appel à un commissaire extérieur pour éviter des troubles. Pour ne pas suivre certains demandes du district, tous le subterfuges sont utilisés, comme lors de la demande du changement de conseil pour non participation des minorités ou la demande de destruction des signes religieux existant sur les chemins publics. Qui plus est, en 1793, bien que deux petites cloches de l'église ont été descendu en décembre, l'orgue de l'église avait été réparé en juin

Un document de 1793 (dont je n'ai pas répertorié la source) donne la liste "des citoyens les plus   capables de remplir des fonctions pour le complement des autorités constitués des communes du district de Bergues". En ce qui concerne Pitgam il est mentionné "pour membres du comité de surveillance a retablir a cause de parenté ou pour destitution illégale." Cette liste donne des noms que l'on ne retrouve pas ailleurs?

Ci dessous, j'ai résumé un certain nombre de documents dans des sections qui me semblent le mieux correspondent aux événements de l'année 1793, de plus un clic sur chaque section permet d'accéder aux documents:

Le premier document à Pitgam utilisant le calendrier républicain date du 19 brumaire an 2 soit le 9 novembre 1793 concerne la réquisition des chevaux

Dans les archives J466 5 aux archives du Nord (ADN) à Lille se trouvent les   décrets de l'assemblée Nationale sanctionnés par Sa Majesté commençant au mois de novembre 1790 finissant au mois de Juin 1793. ce document semble chevaucher celui du 1791? mentionné ci-dessus.

  recrutement
Source : ADN J466 8

En mars 1793, il a été procédé au recrutement de 300 000 hommes pour l'armée. Pitgam devait fournir dix hommes recrutés, dans la garde nationale, sous forme de volontariat pour l'armée de Belgique et en particulier Bruxelles. Ne trouvant pas de volontaires et afin d'éviter des désordres le maire et les officiers municipaux ont préféré de faire appel au commissaire du peuple qui a proposé tout d'abord de faire un scrutin sur trois modes possible de recrutement: achat, vote ou tirage au sort), le vote fut adopté, et par scrutin les dix personnes furent élues par au moins 70 voix sur 84 votants!..

Ce même mois 14 personnes ont été engagées volontairement pour aussi l'armée de Belgique, moyennant 4 livres par jour.
Il y a une confusion de date dans les documents et aussi sur les personnes, néanmoins 16 personnes ne sont restés que huit jours et comme elles avaient été payées d'avance certaines ont du rembourser le trop perçu, ainsi Pierre De Mol qui avait reçu 50 livres a du rembourser 18 livres donc a quatre livres par jour il est bien resté 8 jours.

Effectivement lors de cette levée de ces 300000 hommes il y eut des troubles à Pitgam qui ont conduits quelques personnes au tribunal de Dunkerque. Cette affaire est traitée dans la section affaires juridiques.

Le 25 mars 1793, dans le cadre du recrutement des 300000 hommes (loi du 24 février) le conseil municipal accepte les sept volontaires sur le nombre de dix que doit fournir la commune. Il semble que ce sont des volontaires remplacés? et que le citoyen Jean De Smit a accepté d'être nommé commissaire pour présenter les volontaires.
Note: Ce document n'est pas tout a fait compréhensible

Le 20 juillet une réquisition pour "deux hommes robustes" est faite par le général du département du Nord et des Ardennes pour incorporation à Douai. Un de ces hommes viendra de Drincham; la commune de Pitgam donne cent livres a chacun sous condition d'être incorporé.

En Octobre, toujours dans le cadre du recrutement des 300000 hommes, 79 jeunes de 18 à 25 ans sont appelés à prendre les armes et sont envoyés à Bergues. Un convoi est organisé pour les transporter. Dans le même temps des chaudrons et des ''couvertes'' de laine ou d'étoupe sont d'abord demandés puis réquisitionnés pour les envoyer aux soldats et comme pour les chevaux chaque pièce est estimée.
Toujours en octobre, afin que les cultivateurs puissent transporter leurs denrées au marché de Bourbourg et Bergues le pont du Stallenbrugge est réparé aux frais de la Commune.

  les chevaux pour convois
Les paysans ont du fournir de nombreux chariots et chevaux pour répondre aux demandes de l'armée.

Les demandes pouvaient être pour des chevaux attelés (deux ou quatre chevaux) et avant leur départ une estimation de la valeur de ces chevaux était toujours faite.
La valeur dépendait de l'âge du cheval mais aussi de sa constitution car un cheval de même âge n'avait pas la même valeur.
Au début de 1793 la valeur d'un cheval variait de 250 livres argent de France (c'est précisé) pour un cheval de 14 ans à 1000 livres pour un cheval de trois ans; en Juin 1793 deux chevaux de Laurent Palmaert ont été estimés à 1920 livres, en juillet 1793 l'estimation a été faite en Louis? (entre 13 et 60 louis). Il est même mentionné qu'un louis correspond à 24 livres.
Par contre dans les documents trouvés il n'est jamais fait mention de la valeur du chariot?
Le 3 mai 1793 les citoyens ayant deux chevaux se sont rassemblés pour établir un tour afin d'éviter qu'un citoyen avec son cheval soit appelé dans deux convois différents.

Les missions étaient diverses, ainsi le le 11 février 1793 réquisition de trois chariots attelés de quatre chevaux et deux chevaux de traits pour le convoi et service de l'armée de Belgique. (Le conseil décide que les ''juments pleines resteront à la maison".)
Il y a eut des demandes de chariots et chevaux pour convoyer de la farine à Lille, du fourrage de Bergues à Cassel
En juin, les chevaux furent affectés à Dunkerque puis de mi juin et août au convoi "de Gyvelde et Leffrinckhoutte aux subsistances de l'armée" sans fourniture de chariot. Pour ce dernier le tour de rôle changeait tous les dix jours.
Pendant cette période d'autres réquisitions ont été faite comme pour la "latellerie? a Wagenbrugge paroisse de teteghem".
En août les liste de chevaux pour les convois est revue et les règles en sont précisées, il est a noté que 226 chevaux ont été recensés et que le plus gros propriétaire de chevaux, Laurent Palmaert, en avait 7.

A partir de cette date est jusqu'au mois de décembre il y avait renouvellement tous les dix jours et parfois sur plusieurs sites en même temps, en particulier il y avait une permanence au convoi de Bergues.
  dons, réquisitions
Les citoyens de Pitgam ont été sollicités plusieurs fois pour fournir des vêtements; de l'argent et du grain pour l'armée.

En juin 1793 l'achat de grain par les meuniers Francois Muÿlle et Folquin Regent et par le boulanger De Coninck est limité à un mois, sans doute le problème de la soudure avant la nouvelle récolte (A rapprocher de la réquisition de bled faite en mai). Les tableaux des   récoltes de 1793 permettent de ce faire une idée de la destination de la récolte

A parti de cette date les réquisitions furent nombreuses et accompagnées de perquisitions, En décembre une revue complète de l'état de la récolte a été faite
  Affaires juridiques; Recherche de suspects
En 1793, le sieur Guerneval était recherché, par deux fois les officiers municipaux ont du spécifier qu'il résidait à Paris. Pourquoi?

Le 14 mars 1793 lors de l'assemblée tenue dans l'église pour la levée de 300000 hommes, il y a eut des troubles avec injures et coups envers les officiers municipaux qui ont conduit 8 personnes devant le tribunal du district de Bergues siégeant à Dunkerque. Jean Christelin qui a reconnu les faits a été condamné à 2 ans de prison et a être exposé deux heures sur la place publique de Dunkerque. Quant aux autres, on les retrouve lors de la délibération du conseil général du mois d'août.

En avril suite au décret du 25 février huit commissaires sont nommés "pour se transporter dans les maisons suspectées de receler des individus mis par la loi dans la classe des émigrés ou des prêtres déportés"; Il est a noté que les citoyens nommés ne sont que les officiers municipaux qui signent les documents étudiés.

Le 21 Juin 1793 un peu plus de 110 personnes considérées comme suspectes "d'aristocratie et d'incivisme" dont 42 couples "onts été demandé de faire Le Serment D'etre un et indivisible a la republique, de jamais tenir de propos contre la loi, et de reconnoitre Le Curé comme Legitimement Constitué". Parmi ces personnes on trouve une partie de celles qui ont du fournir des chevaux.

Le 5 juillet 1793 deux commissaires se sont rendus au district" munis des matrices rolles tant foncieres que mobillaire et etats de sections, terrier et plans deliberations". (Il serait intéressant de trouver les documents.)

Le 21 juillet une perquisition est effectuée chez le citoÿen Debril suspecté de "loger certaines personnes du pays de Belgique".

En août 1793 le "procès criminel" de cinq personnes a lieu au tribunal de police du district pour une affaire ayant un lien avec la loi "relative au completement de 300000 hommes. Jugés coupable ils sont envoyés au tribunal de Douai ou seul Adrien Aernouts est condamné à deux mois de prison. Le conseil général, de Pitgam, non content, fait appel de ce jugement. (les archives du tribunal doivent donner des précisions).

Le 18 septembre 1793 suite à des "effets égarés dans la campagne" " par la faute des ennemis en quittant et evaquant le territoire"; perquisitions et visites domiciliaires sont effectuées.

Le 23 septembre, De Bril, jacques Couvreur cordonnier, Jean Bakeroot, Laurent Palmaert, François Christians sont suspectés d'avoir des conversations avec l'ennemi et sont mis en état d'arrestation.

  travail pour le district de Bergues
Six ouvriers volontaires sont demandés en urgence par le district de Bergues pour procéder au terrassement des fortifications de Dunkerque, sans doute le 26 mars 1793.

En Décembre 1793 douze pionniers sont demandés par le district pour se rendre au Rousbrugge, vu le " prêt que la nation leurs accorde", la commune pour parvenir à satisfaire la demande du district a accordé la somme de quatre livres en plus.

  l'entretien du village
En dépit du climat révolutionnaire, l'entretien des bâtiments communaux et de l'église n'était pas oublié, le maire avait même demandé la construction d'un orgue. Le 23 avril 1793 Benoit Pouchele, Dominicq De Gomme et le curé Harache ont été autorisés après élection à engager les dépenses pour le réparer.

La réparation de l'orgue effectuée par le facteur d'orgue Guilmant a coûté six cents livres dont cent pour l'entretien pendant deux ans (le 20 juin 1793).

  salaires
En mai le salaire du sergent Huÿser est fixé a cent dix livres tournois.
1794
  Nomination procureur
La quinze Nivose (4 janvier) 1794 le citoyen François Coukerque, (orthographe variable, il signait Couckercke et cultivait une des plus grosses fermes de Pitgam) est proclamé par le conseil général de la commune, "procureur de commune, pour exercer la ditte fonction comme agent national(le nom de procureur avait été changé en agent national).

  indemnisation
En janvier la convention nationale demande un tableau des pertes subies suite aux inondations perpetrées par l'ennemi.
100 000 livres sont accordées par la convention nationale aux pauvres pillés par l'ennemi, Pitgam reçoit 1000 livres.
  Secours aux familles de militaire
En mars 1794 est établi la liste des familles Pouvant bénéficier de secours du fait de la présence d'un fils ou un mari à L'armée.

  Comité de surveillance
Le 6 avril 1794 Pierre Dupond président du comité de surveillance réclame sur le champ le registre du comité de surveillance, la situation semble tendue. Rivalité entre le conseil municipal et le comité de surveillance? querelle entre paysans?

  Réquisition fromage
Le 7 janvier 1794 une circulaire du District indique que les municipalités qui ont livré le contingent de fromage ne peuvent n'y vendre n'y détourner le fromage du territoire du District sous peine d'arrestation.

  Réquisition bois
En février une réquisition de bois est faite pour le chauffage de l'armée à Dunkerque, qui conduit à l'abattage d'arbres sur pied.

  Rapports au District de Bergues
L'agent national JF Couckercke devait faire selon la loi des rapports chaque décade à l'agent national du district de Bergues.
Ces rapports (les archives sont incomplètes mais peut-être que les archives de Bergues donneront plus amples informations) permettent de se faire une idée des contributions que les citoyens devait donner à la République: livraison de céréales, levée des hommes pour l'armée, etc... En fait, ces rapports permettaient au District de vérifier que les lois et décrets étaient appliqués.

Dans ces rapports il y a une analyse des opérations faites pendant le mois de pluviôse (20 janvier- 18 février) qui donnent de précieux renseignements sur l'état d'esprit régnant à Pitgam avant la chute de Robespierre (27 juillet 1794) L'application de la loi du maximun (prix et salaires bloqués) n'est pas faite et JF Couckercke dit que ce n'est pas possible à Pitgam et qu'elle devrait d'abord être appliquée dans les villes.
La commune ne peut pas livrer la quantité de grains demandée, le maire est en détention pour cela, mais les visites chez les fermiers montrent qu'ils ne leur reste que des quantités nécessaires à leur subsistance.
Du fait du manque de main d'oeuvre (hommes à l'armée, dans les convois et en état d'arrestation) les labours sont en retard et ne permettront pas l'évacuation de l'eau dans les terres basses.
La plus part des Pitgamois sont catholiques, aspirent à la paix, et "aiment le repos et la tranquilité".
Quant à la loi qui accorde à toute personne qui n'a pas un arpent de terre un arpent de terre provenant des terres des émigrés; JF Couckercke demande que la loi des cinq cents livres payable en vingt années soit préférablement appliquée.
A Pitgam il y a trois cents mesures de terre provenant de trois maisons d'émigrés, l'ancien seigneur de Pitgam, de Drincham et de Florimond.
Plus quelques autres points que je vous invite à lire.
C'est assez extraordinaire de voir que, pendant la grande terreur et plusieurs mois avant la chute de Robespierre, dans un village d'environ 1300 âmes, une analyse aussi exhaustive de la situation ait été faite.
  autorités constituées
Le 23 octobre 1794 une liste des autorités constituées est établie, on retrouve les élus de 1792.

La  chronologie des événements pendant la période révolutionnaire permet d'accéder directement aux documents.
train histoire directoire

Page créée par Stevenoot pierrele 09/01/07.